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Question à ceux qui veulent une « loi sur la PMA »

lundi 16 septembre 2019, par Puissance Plume

Avertissement

Ces lignes ont été conçues comme une introduction au débat. Nous ne connaissions pas le contenu exact du projet de loi dite « sur la bioéthique ». Nous en savions ce que le gouvernement a lâché fin juin au journal La Croix [1]. Le texte a été présenté lors du conseil des ministres du 26 juillet 2019, puis introduit dans le calendrier parlementaire pour la fin du mois de septembre. Mais nous avions tous les éléments à notre disposition pour savoir quelles orientations seraient prises, d’une part grâce au rapport du CCNE [2] rendu en septembre 2018 et d’autre part parce que nous avons conscience des forces qui mènent le monde vivant à sa perte : le trio Etat-nation, Science et Capital [3].

La question, une démarche

Plutôt que de présenter ici une opposition frontale au projet de loi sur la bioéthique, je souhaite poser une question à ses promoteurs. Par ce geste, je pense nécessaire de faire réfléchir celles et ceux qui ont encore une petite idée de la liberté, de la conscience, de la nature, de notre place sur cette planète. La question est :

Qu’est-ce que vous allez faire, personnellement, pour empêcher l’avènement de cette société transhumaniste et totalitaire à qui – sans le vouloir peut-être – vous faites la courte échelle avec ce projet de loi dite « sur la bioéthique » ?

Le projet de loi sur la bioéthique

Ce projet de loi vise à débloquer des finances pour favoriser des « recherches sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires », des « examens génétiques et médecine génomique », des « dons et transplantations d’organes », des « neurosciences », des « données de santé », de « l’intelligence artificielle et robotisation », de la « Santé et environnement », des innovations sur le thème « Procréation et société », et enfin de « l’accompagnement de fin de vie ». Tout ceci est expliqué dans le rapport du CCNE.

On se doute que les finances ainsi débloquées pour ces « investissements » seront récupérées sur les taxes des échanges commerciaux générés par la loi. Bien entendu, les intérêts des emprunts auprès des banques mondiales seront ajoutés aux dettes qui pèsent déjà lourdement sur les épaules des populations consentantes.

Des moyens d’avoir un enfant

La liste des moyens pour avoir un enfant est déjà longue et toutes ces pratiques existent déjà depuis fort longtemps. Les humains n’ont pas attendu la FIV [4] des laboratoires pour contourner une impossibilité physiologique à procréer. Ce sont donc des « nouvelles technologies » très spécialisées, particulièrement éloignées de la vie des gens, qui viennent une fois de plus, remplacer des pratiques humaines ancestrales.

Il existe aujourd’hui des sites web qui permettent à des femmes de rencontrer des donneurs de sperme [5]. Elles peuvent alors ainsi s’organiser pour devenir enceintes, soit par l’acte sexuel (manière « naturelle »), soit par le don de la semence (« semi-naturelle »). Mais en France sont considérées comment illégales les techniques d’insémination artisanale et la GPA (Gestation pour Autrui). En septembre 2019, le législateur s’apprête pourtant à subventionner les femmes pour trouver un donneur de sperme... Via la technologie FIV+DPI, une discrimination évidente envers la pratique humaine directe.

Le bébé comme le téléphone portable

Souvenez-vous il y a seulement vingt cinq ans, le téléphone portable nous a été présenté comme pouvant sauver des vies en montagne, aider les personnes handicapées. Derrière ce paravent de bons sentiments, Alcatel, Motorola, France Télécom, Nokia, Eriksson, Apple – avec le concours des Etats-Nations – cherchaient à rendre leurs gadgets électroniques indispensable à chacun chacune. Bravo, c’est réussi ! Nul adolescent ne peut plus s’intégrer socialement sans sa prothèse électronique connectée aux multinationales de la Silicon Valley californienne : Google, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft, Paypal.

Chaque fabricant de « mobile phone » propose une gamme de modèles très diversifiée : c’est tellement désagréable de rencontrer quelqu’un qui a le même appareil que soi. C’est en effet par la personnalisation – en anglais « customization » – que se construit un marché de masse : chaque utilisateur est identique, dispose de la même technique, mais pour compenser il lui ajoute ses touches identitaires propres. Il ne pourra en être autrement du développement des techniques de procréation artificielle. Pour qu’une entreprise mette à disposition ces techniques, il lui faut un marché. Et en milieu capitaliste, il lui faut même une croissance !

Il ne faut pas être devin pour imaginer donc comment les entreprises qui développent des techniques et des services autour de la fabrication, l’analyse et la sélection des embryons humains rivaliseront d’ingéniosité pour offrir les produits les plus raffinés, tout en décrétant rester « humains ». Le dépistage des maladies génétiques lors du DPI [6] n’est qu’un préliminaire ressemblant comme deux gouttes d’eau à la possibilité de sauver des vies en montagne vis-à-vis du téléphone portable et de ses antennes relais.

Extension puis généralisation de la PMA (FIV+DPI)

Actuellement, la PMA (FIV+DPI ou insémination artificielle) est financée par la collectivité pour les couples hétérosexuels infertiles. Auparavant, cela s’appelait AMP : Assistance Médicale à la Procréation. Pourquoi l’administration technocratique a-t-elle changé de sigle ? Pourquoi est-on passé de « Assistance » à « Procréation ». Pourquoi avoir inversé ainsi l’ordre des mots. Il y a bien une raison à faire cela ! C’est bien évidemment parce qu’avant que la loi soit votée, tout est déjà prévu par le système pour qu’il se maintienne : il lui faut une industrie de masse de la natalité artificielle, qu’il contrôle dans le moindre détail. Il ne s’agit plus d’ « assister » mais de « procréer ».

La loi dite « sur la bioéthique » comporte des mesures financières pour étendre la technique PMA (FIV+DPI ou insémination artificielle) à toutes les femmes, qu’elles soient seules ou en couple homosexuel ou hétérosexuel. Immédiatement, cela créerait une inégalité énorme : pourquoi les femmes et pas les hommes homosexuels ? Aussi, toujours au nom de ce qu’ils appellent « l’égalité », l’instauration de cette nouvelle loi en appellerait une autre qui introduirait la GPA [7]. Pas celle « altruiste » entre gens qui s’arrangent entre humains. Celle des laboratoires de bureaucratie et la technocratie.

Aussi, c’est déjà le cas, la PMA (FIV+DPI) est remboursée aux couples hétérosexuels fertiles mais « à risque ». Alors là, le projet de loi va plus loin : il veut proposer la PMA (FIV+DPI) à tout couple hétérosexuel qui en fait la demande ! Ils iront jusqu’à la banalisation la plus totale de la technique, entrée dans les mœurs, nouvelle contrainte intériorisée ?

Notre société humaine occidentale rencontre de plus en plus le problème de la fertilité, puisqu’elle fait la guerre au vivant et qu’elle répand tous les poisons imaginables dans son milieu et dans son corps [8]. Aussi, la PMA lui apparaît comme une réponse de masse au problème du gestionnaire : comme continuer à disposer d’une natalité forte avec des individus infertiles ? Le projet de loi contient donc également une mesure pour autoriser les femmes à congeler leurs ovocytes en vue de faire des enfants plus tard.

Quand le trio Etat-Nation, Science et Capital œuvre à la généralisation de la procréation artificielle, il ne s’intéresse surtout pas à l’arrêt de la pollution de notre milieu et à mettre fin au problème d’infertilité. L’extension de la PMA est un facteur d’accélération de ce problème-là : au lieu de le résoudre à la base, on le survole et il enfle. C’est pourquoi l’orientation de cette loi nous mène à la généralisation et la banalisation de la PMA comme la poursuite du monde totalitaire qui fait la guerre au vivant.

Besoin d’enfants ?

Dans notre besoin d’enfant, une part est attribuable à cette histoire ancestrale de maintien du vivant que nous hébergeons mais il en est une autre qui a tendance à prendre une part de plus en plus importante, c’est le poids sociétal qui dicte ses codes. On intériorise le fait d’avoir des enfants comme une condition nécessaire pour réussir sa vie et avoir des relations normales dans la société. C’est le regard des autres, la publicité, la propagande omniprésente qui nous dicte notre conduite.

L’enfant est la nourriture de base que le système requiert pour se perpétuer et s’accroître. Nul autre exemple que le téléphone portable n’est plus à même d’ancrer cette vérité dans la réalité contemporaine. Mais il faut aussi la déceler dans l’histoire : la retraite par répartition, la fabrication des déchets nucléaires, sont des orientations de masse qui assoient une nécessité impérieuse de natalité, il faut disposer d’une jeunesse vouée ardemment au labeur pour payer les comportements passés.

Enfin, y a-t-il une spécificité de l’être créé par FIV+DPI ? Est-ce qu’on a maintenant plus besoin d’enfants artificiels, et moins besoin d’enfants naturels ? Qu’un couple hétérosexuel infertile ait recours à la PMA, cela se comprend puisqu’il y a impossibilité physiologique. Mais que des femmes fertiles aient recours à la PMA, comment expliquer ce besoin si ce n’est par attirance pour des nouvelles technologies ? On pourrait parler de caprice devant la vitrine commerciale...

Fichage total, Eugénisme, Transhumanisme

La procréation artificielle pose déjà des problèmes globaux puisque déjà autorisée dans divers pays comme la Belgique, le Portugal, l’Allemagne, les U.S.A.... Supposons que deux êtres ainsi créés se rencontrent sur cette planète et aient envie de faire des bébés : qui va leur dire s’ils sont frères et sœurs, du même donneur ? Seul les laboratoires peuvent répondre. Donc, il y aura une administration globalisée qui imposera le fichage génétique de tous, pas seulement des êtres nés de dons d’ovocytes ou de sperme.

Depuis 1945, la société occidentale continue de transgresser les tabous les plus fondamentaux de l’espèce humaine. Dès lors que l’explosion de la bombe atomique sur la ville d’Hiroshima fût considérée comme un acte libérateur érotisant la mort de masse au lieu d’être traitée comme un crime contre l’humanité, nous ne pouvions que nous enfoncer toujours plus profond dans l’abîme des systèmes totalitaristes faisant la guerre au vivant [9].

La société transhumaniste qui sélectionne des êtres « meilleurs » en les dotant de capacités artificielles « supérieures » est donc en route à marche forcée. Ce paradigme qui ressemble à l’eugénisme qui a prévalu à la société nazie s’écoute sur Radio France comme si de rien n’était avec l’alibi habituel : « à quoi bon lutter contre ? C’est déjà là » [10].

Il ne fait aucun doute à nos yeux que l’extension de la prise en charge de la PMA (FIV+DPI) aux femmes seules et en couple homosexuels pose une pierre fondatrice supplémentaire à la construction d’une société totalitaire transhumaniste dont l’horreur est déjà visible avec la perte globale d’autonomie des populations locales vis-à-vis du système global. A ceux qui veulent prendre cette orientation vers la banalisation de la PMA, je demande : est-ce que vous voulez cette société transhumaniste ? Si non, qu’est-ce que vous allez faire concrètement pour empêcher son avènement ?

Des luttes féministes détournées

Si les femmes ont obtenu, arraché, quelques droits comme de disposer de leurs corps comme elles le veulent, ce n’est pas pour s’en voir dépossédées par des techniques accompagnant et accélérant la guerre au vivant. Que des femmes soient amenées à vouloir un enfant, peu importe la technique : du moment qu’elle reste une aventure humaine. Mais dès lors qu’elle enrichit un système de masse qui conduit l’humanité à sa servitude, fichée 2.0 jusque dans ses gènes, nous nous y opposerons, c’est normal de ne pas vouloir donner la possibilité à une société transhumaniste de s’installer. A la limite, on veut retrouver la jungle.

Les communautés militantes désignées LGBT [11] nous apparaissent comme utilisées par tous ceux qui veulent développer le marché mondial de la PMA. Tout comme les laboratoires se sont servis des myopathes pour récolter du pognon avec le Téléthon. Tout comme les fabricants de téléphones portables se sont servis des randonneurs et des handicapés pour faire entrer dans les mœurs leurs gadgets électroniques et dans nos têtes leurs micro-ondes dégénératives. C’est un constat sans méchanceté, qu’il faut faire. Il nous faut reconnaître ensemble notre ennemi commun, qui est en nous aussi, non pas pour l’éradiquer mais plutôt pour le maîtriser. Sinon, nous le subirons dans la diversité de ses formes et il prendra toute la place comme le virus de la grippe envahit le corps et ne s’arrête jamais de croître même si ce corps va mourir.

Mensonge sur la levée de l’anonymat

Le projet de loi dite « sur la bioéthique » contient un article sur « la levée de l’anonymat ». C’est un attrape-nigaud. Concernant l’éventuelle transmission de l’identité précise du donneur de gamète à l’enfant né du don, elle est conditionnée, dans le projet de loi, au « consentement exprès » du donneur. L’enfant n’a donc pas le droit de connaître ses géniteurs : c’est une bombe à retardement, d’autant plus incompréhensible que les générations d’enfants nés de FIV+DPI demandent ultra-majoritairement à pouvoir connaître l’identité de leurs parents génétiques.

Nous hébergeons les histoires de nos ancêtres dans nos gènes. Nous naissons avec des casseroles, traumatismes qui se manifestent dans le corps et le comportement sans qu’on sache d’où ils viennent, dont nous n’avons conscience qu’en allant chercher dans nos archives de famille quand elles existent. Si l’enfant n’a pas ses géniteurs à disposition pour effectuer ce travail, nul doute qu’ils lui manqueront pour mener une belle vie. C’est pourquoi la FIV si cette technique est utilisée doit rester une aventure humaine, tout dire, tout rendre transparent.

Notre demande ne concerne pas que la connaissance des parents génétiques. Il conviendrait d’inscrire dans le livret de famille les noms des manipulateurs, les responsables de la fabrication, la sélection et l’implantation des embryons. Quand on a pas de passé, on a pas d’avenir. Que les choses soient dites : c’est la moindre des choses.

Le contrôle

L’extension de la PMA des couples hétéros infertiles aux femmes seules ou en couple va inévitablement s’accompagner d’un contrôle. Comme pour adopter un enfant, il y aura inspection préalable de services sociaux. Ce message « à toutes les femmes » est d’ailleurs un mensonge. Sur quels critères un médecin va-t-il décider qu’une femme seule peut se faire payer une PMA (FIV+DPI) par la collectivité ? Il y a un certain eugénisme déjà dans cet acte : les critères sélectifs seront d’une part basés sur des principes généraux fixés par la loi, puis au cas par cas à l’arbitraire des personnels « responsables ». Dans un monde où le problème de fertilité devient prépondérant, ce contrôle aura tendance à appliquer mécaniquement une sélection sociale sans qu’elle soit dite et affichée. Et pour éviter ces inégalités de traitement, la réponse est donc la banalisation, l’ouverture à tous de la technique, sans discrimination. Un supermarché du bébé, au nom de l’égalité devant la procréation, au détriment des techniques directes à échelle humaine.

Le journal « La Décroissance »

Le numéro de juillet-août 2019 s’est attiré les foudres de personnes choquées par les articles sur la disparition des altérités (masculin-féminin, le bien le mal, l’adulte-l’enfant, etc.) [12]. A côté de la nécessaire critique du dogme de la croissance portée par le journal, on peut effectivement s’interroger sur des jugements exprimés à propos des transgenres, qui prennent des allures de réactionnaires.

Pour moi, le problème qui se pose est celui de la liberté individuelle de financer un système ou pas. Ai-je le droit de ne pas financer la FIV+PDI remboursée par ceux (mono bi tri on s’en fout) qui la choisissent ? Comme le dit Charbonneau, c’est l’éternel problème de la liberté des uns qui commencent là où s’arrête celle des autres. En dehors de cet axe de réflexion, je me méfie des discussions parce qu’on peut blesser sans y faire attention.

En guise de conclusion éphémère

Chacun normalement constitué voit bien à quel point le trio Etat-nation/Capital/Science, avec ses médias de masse aux bottes des marchands d’armes et des banquiers, nous trompe en voulant nous expliquer que l’extension de la PMA (FIV+DPI) serait une avancée sociale pour les femmes. En réalité, c’est une régression monstrueuse qui place la machine, l’algorithme, la technique, au centre du questionnement, qui met par conséquent les humains au dernier rang des préoccupations. En particulier, au lieu de réduire la pollution pour résoudre le problème d’infertilité, la loi nous oriente vers l’adaptation par la technologie, chose qui nous échappe, système qui nous contrôle toujours plus loin dans notre vie intime.
En retour, je vous prie de bien vouloir préciser après lecture de ce texte, ce qui n’est pas bien exprimé, formulé, compris, quel point de vue n’est pas bien pris en compte. Sachons voir que notre ennemi commun est aussi en chacunE de nous. Vous pouvez me contacter

Notes

[1Loup Besmond de Senneville, « PMA, filiation, anonymat… ce que contient le projet de loi de bioéthique », 23/06/2019 Journal La Croix http://bit.ly/2Jz5IpA

[3Nous invitons par exemple à lire l’œuvre que Bernard Charbonneau a produite.

[4FIV : Fécondation In Vitro

[6DPI : Diagnostic Pré-Implantatoire, pouvoir dire si tel ou tel gène est présent dans un embryon

[7GPA : Grossesse Pour Autrui

[8Bourrés de métaux lourds parfois radioactifs, de glyphosate et autres PCB, de perturbateurs endocriniens et/ou hormonaux, rares seront celles et ceux qui conserveront une capacité à procréer naturellement.

[9Lire « Le monde comme projet Manhattan » Jean-Marc Royer Ed. Le Passager Clandestin

[10Lire « Manifeste des chimpanzés du futur » Pièces et Main d’œuvre

[11LGBT : Lesbiennes, Gay, Bi, Trans ; Nous ne parlons pas ici du parti de la banque Rotschild créé par Emmanuel Macron « LGBT+ En Marche ! ».

[12« La décroissance, ce journal que nous n’achèteront pas » www.iaata.info 25 juillet 2019

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