Le Puill sans fonce dans le mensonge – nucléariste, entre autres

Toulouse, 6 octobre 2015, bourse du travail, Bernard Le Puill est invité par l’université populaire de Toulouse pour présenter son nouveau livre « L’écologie pour sauver l’économie »[1]. Quelques anti-nucléaires, anti-économistes, et autres réfractaires joyeux se rebiffent pour dire les mensonges véhiculés dans les thèses supposées « humanistes » défendues par le conférencier.

Alors Monsieur Le Puill veut sauver l’économie ? Nous pas ! Les physiciens ont réduit le nombre de grandeurs fondamentales à 7 (longueur, masse, temps, température, intensité électrique, quantité de matière, et intensité lumineuse) à partir desquelles on peut décrire tous les phénomènes physiques. Les économistes eux, ont réussi l’exploit de n’avoir plus qu’une seule unité avec laquelle on pourrait tout quantifier : les euros (ou dollars, ou roubles...).

Transformer la nature en euros est l’objectif des économistes. Pour booster l’économie, il est nécessaire de mettre un prix sur tout ce qui existe sur terre. Ceci n’est que la poursuite de la domination du vivant. On est content pour Monsieur Le Puill d’avoir réussi à sortir un livre pour aider la tendance capitaliste à se réaliser, tandis qu’il croit et prétend publiquement la contrer !

Nous croyons que seule la logique du don, de l’acte désintéressé, libère l’être humain dans la société. « Toute résistance est un acte d’amour, parce qu’elle n’attend rien en échange. Elle se donne. » Le Puill n’est visiblement pas prêt à renoncer à toutes les libertés que procure l’économie ; si son livre est un acte de résistance au capitalisme, il s’achète néanmoins… Réfléchissez à cela.

Mais surtout avec son livre, Bernard le Puill essaie de se persuader qu’on réduit les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les cocottes thermiques radioactives. Il nous emmène encore sur le terrain de l’économie ! N’oublions pas qu’un grand marché des « crédits carbone » a été mis en place par les gouvernements occidentaux. Il est censé faire diminuer les émissions de GES ; en réalité, ce sont surtout des nouveaux produits sur lesquels les boursicoteurs peuvent spéculer.

Mais même... Supposons qu’on accorde de l’importance à cette nouvelle économie. Utiliser le nucléaire c’est exactement ce que la France expérimente depuis des décennies, mais ses émissions de GES n’ont fait qu’augmenter ! La raison est que la logique soutenue par gouvernements et syndicats (CGT Mines/Énergies en tête de meute) n’est pas celle de la substitution, mais celle de l’empilement (on empile le nucléaire sur le pétrole, on empile les renouvelables sur le nucléaire) : pour booster l’économie – toujours elle, il faudrait trouver un remède qui s’ajoute à tout le reste, et hop... Nous croyons au contraire que la logique de l’arrêt des réacteurs nucléaires fait baisser les émissions de gaz à effet de serre, si tant est qu’on ait besoin de ces modèles mathématiques – avec sa légion d’experts grassement payés – pour savoir quoi faire d’écologique en ce bas monde.

Ensuite, le nucléaire est un crime contre l’humanité. On pense aux explosions des bombes, plus de mille depuis le 17 juillet 1945. On pense aux catastrophes de Tchernobyl, de Fukushima. La seule explosion du réacteur numéro 4 de Tchernobyl a provoqué 1 million de morts – estimation de 2006 par des médecins russes, traduction et publication en 2009 par l’Académie des Sciences de New-York. Peut-être M. Le Puill ne le sait pas ?

Mais la catastrophe la plus terrible est celle de la vie quotidienne : celle d’être forcé de vivre sous la menace permanente. Une société peuplée d’individus libres et émancipés ne peut pas advenir tant qu’ils sont menacés. C’est normal d’avoir peur des catastrophes, peur des guerres, peur des policiers, des gendarmes, des malfrats, peur des saisies sur compte en banque. Or, qui développe ces peurs : les états-nations ! Exactement ce que défend Monsieur Le Puill, avec le « comité Valmy » !

Nous connaissons trop bien cette culture du XXè qui a amené des fidèles de la russie de Staline à mettre en place la domination atomique en France avec De Gaulle, en prétextant lutter contre la domination impérialiste américaine. Nous ne pouvons que leur recommander la lecture du « grand mensonge » de Dwight MacDonald (dans « Une tragédie sans héros » Dwight MacDonald, éditions l’encyclopédie des nuisances, Paris 2013) où l’auteur décrit parfaitement comment la réalité de l’URSS est déjà en 1930 à l’opposé de son idéal humaniste et émancipateur.

Imagerie prouvant que le coeur radioactif a fondu, percé la cuve et disparu sous terre à Fukushima [2]

Enfin bref, nous nous désolons pour lui, Monsieur Le Puill, d’être autant victime de ces grandes balivernes qu’on répète à l’envi partout, que le nucléaire français serait plus sûr que les autres, et que par conséquent il serait juste de l’accepter comme moindre mal. Nous ne voyons dans cette soumission, que l’espérance d’être un jour à la place du maître, celui qui caresse les boutons de la centrale. Le militant qui croit bien faire n’est plus qu’un sujet placé sous la fascination totale ; dans ses yeux luisent le vide de l’envoûtement, autrefois opéré par un prêtre en uniforme. Il rêve de puissance, alors il baisse la tête et encaisse sa part dans la dilution de la pollution radioactive, le vieillissement accéléré de son corps, la précocité de ses cancers par irradiation additionnelle et contamination alpha. Monsieur Le Puill s’enfonce dans un puits sans fond : celui de la croyance aveugle, une victime de plus du « grand mensonge ». Qui a envie de d’aller récupérer un titanic qui coule ? Qui a envie d’aller récupérer trois corium fondus contaminant l’océan et la chaîne alimentaire ? Allons camarade, libère-toi !

[1] http://www.universitepopulairetoulouse.fr/spip.php?rubrique38
[2] http://enenews.com/tv-experts-conclude-fuel-left-inside-fukushima-reactor-total-meltdown-highly-conducting-tests-determine-down-corium-leaked-photos-video