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Des Antinucléaires au Conseil d’Etat dans le dossier de l’Atelier Technologique de Plutonium à Cadarache

lundi 14 mars 2011, par Puissance Plume

sommaire


CP 14 mars 2011 : Des Antinucléaires au Conseil d’Etat demain 15 mars

Communiqué de Presse Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre France

En France comme au Japon, nous avons le droit de savoir :
des associations anti-nucléaires au Conseil d’Etat ce mardi 15 mars
dans le dossier de l’Atelier Technologique de Plutonium à Cadarache

Marseille et Montreuil, le 14 mars 2011

Dans l’angoissant contexte de catastrophes nucléaires multiples au Japon, se déroulera le mardi 15 mars à 11h au Conseil d’Etat, l’audience concernant la procédure d’urgence pour la suspension du démantèlement de l’Atelier Technologique de Plutonium à Cadarache.

Devant la succession de dysfonctionnements graves dans cette installation nucléaire de base, le Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre France et des particuliers avaient saisi le Conseil d’Etat en début d’année afin que toute la lumière soit faite sur les quantités exactes de plutonium détenues dans cette installation.

L’ATPu se situe sur la faille sismique de la Moyenne Durance et à quelques kilomètres de l’épicentre du séisme mortel de Lambesc en 1909, d’une magnitude estimée à 7 sur l’échelle de Richter.

Contacts :
Collectif Anti-nucléaire 13, Isabelle Taitt, 06 82 45 13 89
Les Amis de la Terre, Marie-Christine Gamberini, 05 61 52 56 65


CP du 3 mars 2011 : Grande agitation autour de l’Atelier Technologique de Plutonium à Cadarache

Grande agitation autour de l’Atelier Technologique de Plutonium à Cadarache : les visites d’inspection de l’Autorité de Sûreté Nucléaire s’enchaînent, révélant des dysfonctionnements de plus en plus inquiétants.

Marseille et Montreuil, le 3 mars 2011

Atelier Technologique de Plutonium (ATPu) : rappel des « incidents » de 2009 et 2010

L’ATPu avait pour fonction de fabriquer manuellement dans des boîtes à gants du combustible MOX (Mélange d’Oxydes) à partir de poudres d’oxydes d’uranium et de plutonium. La production cesse en 2003, la fermeture étant réclamée depuis 1995 pour non-conformité aux normes parasismiques. Le décret de démantèlement de l’installation paraît en mars 2009. Ce décret reçoit préalablement l’avis favorable de l’Autorité de Sûreté Nucléaire et de la CLI (Commission Locale d’Information) de Cadarache (1).

Le premier incident grave est signalé en octobre 2009. Le CEA de Cadarache déclare, après les tous premiers mois de démantèlement, un écart de masse de plutonium de 39 kilos par rapport à son stock prévisionnel. Les visites de l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) s’étaient pourtant succédées en 2009 et les deux inspections des 15 mai et 5 août 2009 n’avaient fait état d’aucun écart notable (2).

Le démantèlement se poursuit néanmoins mais, fin 2010, de nouveaux incidents se produisent : des quantités de plutonium supérieures à la dose admissible sont relevées dans des fûts stockés à l’ATPu.

Début 2011, le Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre France et des particuliers, considérant que l’enquête publique soumise aux citoyens en 2008 contenait des données trompeuses sur les quantités de plutonium présentes dans l’installation et que, par conséquent, toute la procédure de démantèlement et de détermination des filières de stockage ultérieures était également faussée, déposent un recours en référé auprès du Conseil d’Etat pour faire suspendre en urgence le démantèlement de l’ATPu.

L’ASN semble s’inquiéter de la situation et procède coup sur coup à deux visites d’inspection en début d’année.

Au fil des visites d’inspection de l’ASN, les dysfonctionnements dévoilés sont de plus en plus stupéfiants

La première visite d’inspection, en janvier, concernait le thème de la criticité (3) et en particulier la vérification de l’étalonnage d’un poste de comptage du plutonium. L’ASN note dans sa lettre de suite (4) que sur une cellule « le rapport d’étalonnage fait état d’une incertitude de mesure de plus de 48% » et que « cette incertitude n’est pas prise en compte pour l’application des règles d’entreposage », règles qui imposent un écartement minimum entre les fûts entreposés pour éviter le risque de criticité.

Ces mesures sont par ailleurs effectuées par un sous-traitant dont l’exploitant « n’a pas pu apporter la démonstration de la maîtrise de la compétence » !!!

Enfin, nous apprenons que l’ingénieur spécialisé en criticité ne contrôle pas systématiquement « les dossiers de demandes d’avis pour modification … relatifs à la prévention du risque de criticité .

La deuxième visite d’inspection, début février, concernait le thème des déchets (4) dans l’ensemble du centre de Cadarache, avec application en particulier à l’ATPu. Les révélations sont, là encore, stupéfiantes…

On y apprend que « la circulaire centre de Cadarache sur la gestion des déchets n’est pas correctement appliquée…. en particulier sur les installations ATPu et LPC », que l’installation ATPu utilise une application Excel pour la gestion et la comptabilisation des déchets au lieu du logiciel « Caraïbes » dont l’utilisation est légalement requise pour la tenue à jour des déchets du centre de Cadarache. Quand « les données (y) sont renseignées », c’est par un prestataire et le « correspondant déchets » du CEA auprès de l’ATPu ne les valide pas systématiquement. Et pour cause, il n’a suivi aucune formation sur ledit logiciel ! (5)

AREVA, opérateur du démantèlement, est censé surveiller l’activité de gestion des déchets. Or, cette surveillance « n’est pas tracée et ne fait pas l’objet d’un programme pré-établi » !

Enfin, nous apprenons que des déchets dits « sans filière immédiate » (DSFI) sont présents dans l’ATPu mais qu’ils ne figurent pas à l’inventaire des déchets présenté par AREVA. On ne connaît ainsi ni leurs quantités, ni leurs teneurs en radioactivité, ni les conditions de sécurité de leur stockage. Dans de telles conditions, l’on est en droit de se demander si des stocks de plutonium ne pourraient pas éventuellement disparaître du centre de Cadarache sans contrôle.

Or, nonobstant toutes ces aberrations, qui semblent relever d’un bricolage surréaliste, le démantèlement se poursuit imperturbablement. Les réponses que l’exploitant doit à l’ASN n’arriveront pas avant la fin avril et ne seront pas rendues publiques.

Le recours déposé par le Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre France et des particuliers pour la suspension/annulation du décret de démantèlement de l’ATPu de Cadarache a été jugé recevable par le Conseil d’Etat. L’audience aura lieu courant mars.

Les citoyens, les riverains, les travailleurs de Cadarache ont le droit d’accéder à des informations non biaisées sur les quantités de plutonium détenues à l’ATPu et sur les risques auxquels les expose cette calamiteuse gestion de matières hautement sensibles, radioactives et radiotoxiques.

Contacts Presse :
Isabelle Taitt, Collectif Anti-nucléaire 13, 06 82 45 13 89
Caroline Prak, Les Amis de la Terre, 06 86 41 53 43
Gilles Merlier, particulier, 06 61 86 21 26

(1) http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/La-reglementation/Bulletin-Officiel-de-l-ASN/Avis-de-l-ASN/Avis-n-2008-AV-0061-du-28-octobre-2008-de-l-ASN

www.cli-cadarache.fr/outils/download.aspx?id_fichier=4487

(2) http://www.asn.fr/index.php/L-ASN-en-region/Division-de-Marseille/Installations-en-cours-de-demantelement/Atelier-de-technologie-plutonium-ATPu/Lettres-de-suites-d-inspections

Extraits de la lettre de suite du 15/05/2009 :
Dans l’ensemble, les inspecteurs ont noté une gestion satisfaisante des déchets générés par les opérations de démantèlement...

Les inspecteurs ont noté une méthodologie de comptage des déchets concluante…

(3) Pour mémoire, le risque de criticité, c’est-à-dire de déclenchement d’une réaction en chaîne incontrôlée, se situe pour le plutonium autour de 200 g de matière fissile dans des conditions comme celles présentes à l’ATPu. Pour les risques sanitaires d’inhalation ou d’ingestion de plutonium, les quantités s’évaluent au microgramme près, soit un millième de milligramme.

(4) www.asn.fr/index.php/content/download/28742/174339/file/PINS+MRS+2011+1309.pdf

(5) Pour une industrie qui se targue toujours d’être à la pointe de la technologie, on semble à Cadarache curieusement « fâché » avec l’informatique. Le logiciel CONCERTO utilisé à l’ATPu pour la comptabilisation du plutonium a été abandonné pour son manque de fiabilité à l’usine MELOX de Marcoule dès 2004, c’est-à-dire bien avant les autorisations du décret de démantèlement.


CP 6 février 2011 : Enquête Publique viciée et gestion calamiteuse des stocks de plutonium à Cadarache : des associations et des particuliers saisissent le Conseil d’Etat.

Enquête Publique viciée et gestion calamiteuse des stocks de plutonium à Cadarache : des associations et des particuliers saisissent le Conseil d’Etat.

Marseille et Montreuil, le 7 février 2011 - Depuis juin 2010, le Collectif Anti-nucléaire 13 a interpellé l’ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) afin d’obtenir des informations sur l’avancement du démantèlement de l’ATPu (Atelier Technologique de Plutonium) du CEA de Cadarache, ainsi que sur les quantités exactes de plutonium qui y seraient détenues. La dernière réponse en date de décembre 2010 n’apporte aucune information précise. Le Collectif Anti-nucléaire 13, les Amis de la Terre et des particuliers ont donc saisi le Conseil d’Etat pour demander l’annulation et la suspension du décret ayant autorisé le démantèlement de l’ATPu.

Ces incertitudes inacceptables quant aux stocks de plutonium (les premiers écarts de stock significatifs ont été déclarés en octobre 2009) révèlent l’insuffisance des informations contenues dans l’enquête publique et son étude de dangers, soumises au public en 2008. Toute la procédure de démantèlement, de maîtrise des risques, et les conditions de stockage ultérieur découlent en effet de l’état des lieux initial tel que présenté dans ces documents.

L’ATPu et l’incident grave d’octobre 2009, classé 2 sur l’échelle INES

L’ATPu avait pour fonction de fabriquer manuellement dans des BAG (boîtes à gants) du combustible MOX (Mélange d’OXydes) à partir de poudres d’oxyde d’uranium et de plutonium. En juillet 2003, la production s’arrête enfin, la fermeture étant demandée depuis 1995 pour non-conformité aux normes parasismiques. Le démantèlement est autorisé par décret en mars 2009.

Six mois plus tard, début octobre 2009, le CEA déclare un écart de masse de plutonium estimé à 39 kilos depuis le début du démantèlement (8,7 kilos sur une seule BAG, alors qu’il y a plus de 300 unités à démanteler !). Ces écarts seraient dus, selon les déclarations de l’ASN (1), à « la fragilité du système » de comptabilisation des matières et, en particulier, au peu de fiabilité du logiciel de gestion des stocks.

L’IRSN (Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire) estime que « cet évènement conduit à mettre en cause de manière importante les données de base retenues dans l’analyse de sûreté du démantèlement ». Cet incident a été largement médiatisé sur le moment (2).

Plutonium : des risques angoissants !

Un des problèmes majeurs liés au plutonium est le risque de criticité (3). Selon la masse de plutonium en présence, il existe un risque de déclenchement d’une réaction en chaîne de fission incontrôlée pouvant déboucher sur une explosion et, en tout état de cause, sur des dégagements radioactifs très importants. A la suite de l’incident d’octobre 2009, l’IRSN a émis une recommandation : « les opérations de démantèlement devraient être restreintes aux postes pour lesquels la nouvelle estimation de la masse[…] est suffisamment faible pour écarter les risques de criticité (une valeur de 200 grammes pourrait être retenue). »

Le plutonium présente aussi en soi une radio-toxicité très élevée. On estime qu’une quantité de l’ordre de la dizaine de milligrammes provoque le décès d’une personne ayant inhalé en une seule fois des oxydes de plutonium. Le plutonium, s’il est ingéré, se fixe sur les os et le foie, où il demeure à vie.

Enfin, rappelons que 5 kilos de plutonium 239 suffisent pour fabriquer un cœur d’arme nucléaire.

Gestion des stocks de plutonium au doigt mouillé ?

Pour Isabelle Taitt du Collectif Anti-nucléaire 13, « Il est plus qu’inquiétant de constater le laxisme avec lequel le CEA de Cadarache gère des stocks de matières radioactives aussi dangereuses que le plutonium », comme en attestent les événements survenus tout récemment encore (4). La sous-estimation du plutonium à l’ATPu se chiffrait en octobre 2009 en dizaines de kilos, alors que les risques s’apprécient en grammes, voire en milligrammes. Isabelle Taitt poursuit : « Aujourd’hui, est-il envisageable, possible, croyable, que l’on découvre des écarts de l’ordre de centaines de kilos ? Voilà les informations que nous tentons de mettre en lumière en demandant l’annulation et la suspension du décret de démantèlement de l’ATPu. »

L’ASN nous a informés qu’ « un bilan global sera réalisé à la fin de ces opérations de matière fissile ». Les citoyens seraient ainsi mis devant le fait accompli, alors que nous avons toutes les raisons de penser qu’à chaque instant nous frôlons la catastrophe.

Contacts Presse :
Isabelle Taitt, Collectif Anti-nucléaire 13, 06 82 45 13 89
Caroline Prak, Les Amis de la Terre, 06 86 41 53 43
Gilles Merlier, particulier, 06 61 86 21 26

(1) Voir le retour d’expérience présenté par l’ASN sur « l’incident » d’octobre 2009 à l’ATPu
http://www.hctisn.fr/documentation/agenda/reunion_2010_04_29/presentations/1_atpu/rex_atpu_asn.pdf

(2) http://il.youtube.com/watch?v=kmZxKlhGHko&feature=fvw
http://il.youtube.com/watch?v=kmZxKlhGHko&feature=related
http://il.youtube.com/watch?v=UK9txO0KK4I&feature=channel
http://il.youtube.com/watch?v=yOedQ3f9PhY&feature=channel

(3) Dans le cas du plutonium le risque de criticité dépend de la masse de matière en présence, de la configuration géométrique de cette masse (le risque sismique important dans le secteur de Cadarache constitue un facteur aggravant) et de la présence de produits hydrogénés (couramment utilisés pendant les opérations de démantèlement). Un accident de criticité particulièrement grave, dû à une masse critique de 16 kilos d’uranium, s’était produit en 1999 à Tokai-Mura au Japon, entraînant le confinement de 310 000 personnes, et provoquant de nombreux décès.

(4) Le 21 décembre 2010, le CEA de Cadarache déclare le dépassement de la limite autorisée de matière fissile, fixée à 100 g, dans quatre fûts historiques entreposés dans l’installation ATPu
http://www.asn.fr/index.php/Les-actions-de-l-ASN/Le-controle/Actualites-du-controle/Avis-d-incidents-des-installation-nucleaires/2011/Depassement-de-la-limite-autorisee-de-matiere-fissile-dans-des-futs-de-dechets

Le 9 novembre 2010, le CEA de Cadarache a constaté la présence de 246 g de matière fissile dans un fût de déchets alors que la limite autorisée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est de 100 g par fût. Cet incident a eu lieu dans l’installation nucléaire de base LPC (Laboratoire de Purification Chimique) dont les activités dépendent de celle de l’ATPu
http://www.asn.fr/index.php/content/view/full/120367

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