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Surveillance du nuage nucléaire de Fukushima
samedi 12 mars 2011, par
Suite à la nouvelle catastrophe nucléaire survenue au Japon le 11 mars 2011, nous pouvons nous attendons à l’arrivée d’un nuage radioactif sur la planète entière, y compris potentiellement en France. Nous publions ici des relevés de la radioactivité de l’air ambiant dans le Lauragais. Cette fois-ci, personne ne pourra nous cacher l’information.
PETITION pour la publication des résultats relatifs à la contamination radioactive de l’air
sommaire
Avertissements
Les mesures présentées ci-dessous sont réalisées avec un appareil compteur dit "Geiger-Müller" de marque Gamma-Scout. Ce dernier mesure la radioactivité gamma de l’air ambiant. Les mesures sont effectuées dans une habitation dont la radioactivité moyenne habituelle sur 24h se situe aux entre 0,08 microSv/h et 0,15 microSv/h avec des pointes maximum à 0,28 microSv/h en instantané. Le passage d’un nuage sera facile à détecter : au-delà de cette zone, il se passe quelque chose d’anormal.
04 avril 2011 - 15h15 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,14 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passées : 0,15 microSv/h
Conditions météo : vent de Nord faible <10 km/h, humidité relative 55%, précipitations 2 mm ces dernières 24h
J’espace volontairement les relevés puisque j’ai expliqué qu’avec le gammascout, la lecture des valeurs n’était pas pertinente pour déceler l’Iode 131 qui se ballade dans notre atmosphère.
Grâce au remarquable travail de la journaliste Dominique Leglu, qui attirent bon nombre de commentaires, on peut en partie se rendre compte de la situation au Japon. Aujourd’hui 4 avril est relayé un appel de détresse du maire de Minami Soma.
Cet appel de détresse contraste avec le saisissant communiqué du président de la JAEA, agence japonaise de l’énergie atomique qui commence comme ceci :
Nuclear energy is a safe and stable energy source promising sustainability and energy security for our future.
ce qui signifie :
L’énergie nucléaire est une source d’énergie sûre et stable qui promet la durabilité et la sécurité d’approvisionnement de notre futur.
Pas sûr que le message soit arrivé au futur des habitants de Minami Soma...
Par ailleurs, un message de l’Agence japonaise de l’énergie atomique (JAEA) daté du 2 avril a été relayé par Next-Up sur cartoradiations mais je n’ai pas pu trouver l’information et la recouper :
"La situation est très grave, on ne peut pas exclure la possibilité d’une contamination radioactive généralisée au Japon qui nécessitera de mobiliser toutes les connaissances et les expériences fondées sur une catastrophe nucléaire, cela pourra nécessiter de l’État et des collectivités locales de prendre des mesures spéciales qui viseront à faire face à la situation d’urgence".
A propos de la situation du point de vue industriel, Arnie Gunderson, un ancien ingénieur ayant travaillé sur le combustible nucléaire nous affirme, le 1er avril, qu’en voyant une image du réacteur 4 à Fukushima Dai-Ichi, la piscine des combusitbles usés n’est plus une piscine : http://vimeo.com/21789121.
Puis le même Gunderson, le 3 avril, analyse d’après les observations que le réacteur n°1 démarre périodiquement une réaction en chaîne, ce qui provoque le dégagement de neutrons, une sorte de radioactivité très difficile à mesurer et qui menace encore plus les travailleurs de la centrales. http://vimeo.com/21881702
28 mars 2011 - 14h00 - NORMAL + MESURES NON PERTINENTES SUR LE NUAGE PRESENT
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,19 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passées : 0,15 microSv/h
Conditions météo : vent de Nord-Ouest 12km/h, humidité relative 80%, précipitations 2 mm ces dernières 24h
Il est essentiel de comprendre que la lecture du radiamètre est actuellement non pertinente concernant le nuage. Car ce nuage est composé de particules radioactives d’Iode 131 dans une concentration faible au point de ne rien modifier à la valeur lue sur le radiamètre. Le seul procédé pertinent aujourd’hui consiste à piéger les particules d’Iode gazeuse (I2 par exemple) sur un filtre pendant 24 h, puis d’examiner ce filtre au radiamètre.
A ce propos, on lira avantageusement le communiqué de la CRIIRAD du 23 mars, concernant justement les mesures effectuées par l’IRSN en Iode 131 au Puy de Dôme : l’Institut n’utilise pas la bonne technique pour connaître exactement la concentration en I131 et donc sous-évalue cette dernière.
La lecture du radiamètre que je réalise ici est bonne pour détecter un vrai nuage de type Tchernobyl, un nuage suffisamment chargé pour faire augmenter la valeur de la radioactivité gamma ambiante. Ca peut être utile mais en l’occurence, en ce moment, ça ne l’est pas !
26 mars 2011 - 14h20 - NORMAL + APPEL A MOBILISATION CRIIRAD
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,13 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passées : 0,15 microSv/h
Conditions météo : vent d’autan 10km/h faiblissant, humidité relative 50%, précipitations 0 mm ces dernières 24h
Pour agir contre la censure des données, suivez le lien ci-dessous. Il faut harceler les responsables pour qu’ils nous donnent les relevés des appareils de mesure, au niveau mondial.
Cyber action N° 401 : publication des résultats relatifs à la contamination radioactive de l’air
25 mars 2011 - 09h50 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,16 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passées : 0,14 microSv/h
Conditions météo : fort vent d’autan 50km/h, humidité relative 78% (comme toujours avec vent marin), précipitations 0 mm ces dernières 24h
J’ai demandé hier à l’INRS de nous communiquer les concentrations en Plutonium dans l’air mesurées sur leurs balises. Pas de réponse. Le communiqué de la CRIIRAD du 23 mars "Les chiffres relatifs à la contamination de l’air existent mais ils sont confisqués par les Etats !
" est très clair : l’OMS, l’AIEA refusent de donner les résultats de leurs mesures.
Aussi, concernant la radioactivité gamma, le Cesium 137 et l’iode 131, notre sort est pour l’instant épargné du fait de la dilution des radio-éléments dans l’atmosphère mondiale. Mais :
il faudrait connaître les concentrations en Plutonium et autres éléments en radioactivité alpha et beta,
ces radio-éléments, même en faibles quantité dans l’air, ne devraient pas y être, ils ne sont le fruit que de la cupidité de l’industrie nucléaire (Césium 137 totalement absent de l’atmosphère en l’absence d’industrie nucléaire), et
dans la zone de 80km autour de Fukushima, il faudrait évacuer tout le monde : 7 millions de personnes. Le plus grand danger, c’est de s’habituer à cette radioactivité 1000, voire 10 000 fois supérieure à la normale autour du brasier nucléaire.
23 mars 2011 - 09h37 - DOUTES
Je viens de voir une pointe à 0,37 puis 0,44 microSv/h. Ensuite, c’est redevenu normal. Difficile de conclure quoi que ce soit. La moyenne sur 24h n’a pas changée.
D’après les modélisations données et les diverses informations que j’ai peut trouvées [1] , il est clair que le nuage est sur nous : il y a des nouveaux éléments radioactifs dans l’air, qui proviennent des réacteurs nucléaires défaillants au Japon. Ces nouveaux éléments radioactifs ne sont pas en quantité suffisante pour mesurer une élévation importante de la radioactivité naturelle sur le gammascout.
On peut noter les recommandations du Docteur Fauconnier sur le site La catastrophe de Tchernobyl, en particulier les articles Que faire en cas d’accident nucléaire avec nuage radioactif ? et Nuage radioactif de la centrale de fukushima. En résumé, avec un passage de nuage très atténué, il vaut mieux quand on respire mêmes des petites quantités d’iode radioactif, ne pas être carencé en iode stable.
Je rappelle simplement que ni l’ouïe, ni la vue, ni le toucher, ni l’odorat, ni le goût ne détectent la radioactivité. Si l’on voyait la radioactivité dans les teintes rouges, alors dès les premiers essais nucléaires dans le désert du Névada en 1945, le ciel mondial serait devenu rouge, après les pluies le linge, les voitures, les plantes seraient devenues rouges. Mais ce n’est pas le cas : nous ne sentons rien. Aussi la protection contre la radioactivité ne peut être qu’une construction mentale : "je sais qu’un réacteur a relaché, donc, je me construis l’information dans ma tête", c’est le seul moyen de se protéger. L’industrie nucléaire prolifère sur un substrat bien connu : l’ignorance, dès que vous construisez cette information, ils vous traitent d’abrutis qui "inventent" des problèmes. Certes, il faut relativiser les choses mais ne pas se laisser enfumer par les gens qui gagnent leur argent et leur pouvoir avec l’industrie nucléaire.
Egalement bien sûr : surveiller les communiqués de la Criirad.
Moyenne des 24h passés : 0,15 microSv/h
Conditions météo : vent du nord est 20km/h, humidité relative 81%, précipitations 0 mm ces dernières 24h
22 mars 2011 - 08h50 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,15 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,07 microSv/h
Conditions météo : fort vent d’autan 30km/h, humidité relative 80% (forte rosée), précipitations 0 mm ces dernières 24h
- Mesures du gammascout du 13 au 21 mars
A propos du nuage : selon l’INRS et la CRIIRAD, nous ne devrions pas enregistrer de variation sensible de la radioactivité.
21 mars 2011 - 07h50 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,15 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,15 microSv/h
Conditions météo : vent de nord ouest 20km/h faiblissant, humidité relative 93% (forte rosée), précipitations 0,1 mm ces dernières 24h
18 mars 2011 - 17h20 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,14 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,16 microSv/h
Conditions météo : Pas ou peu de vent 3km/h de l’est, humidité relative 54%, précipitations 9 mm ces dernières 24h
17 mars 2011 - 09h30 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,16 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,17 microSv/h
Conditions météo : fort vent d’ouest dépressionnaire 30km/h, humidité relative 82%, précipitations 0,8 mm ces dernières 24h
Remarque : J’ai noté deux pics à 0,30 puis 0,31 microSv/h, ce que je n’avais jamais vu en temps normal. Mais de ceci, je ne conclue rien de spécial : je ne suis pas dans un nuage radioactif spécifique. Je le précise au cas où des lecteurs se demanderaient comment analyser les données de leur appareil.
14 mars 2011 - 22h00 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,15 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,15 microSv/h
Conditions météo : fort vent d’autan (SE) 33km/h, humidité relative 80%, précipitations < 0,2mm ces dernières 24h
Remarque : que la moyenne sur 24h soit passée de 0,08 à 0,15 microSev/h n’est pas significatif d’une évolution anormale : nous sommes toujours dans la moyenne habituelle de la radioactivité naturelle.
12 mars 2011 - 16h00 - NORMAL
Mesure instantanée de la radioactivité de l’air ambiant : 0,16 microSv/h (normal)
Moyenne des 24h passés : 0,08 microSv/h
Conditions météo : fort vent d’autan (SE) 37km/h, humidité relative 85%, précipitations < 1mm ces dernières 24h
Faut-il se munir de pastilles d’iode ?
Même si vous vouliez vous procurer de l’iodure de potassium, vous ne pourriez pas. Ce n’est pas en vente dans les pharmacies. Faites le test : demandez à la pharmarcie s’ils en ont et comment alors se protéger d’un nuage contenant de l’Iode radioactif ? Demandez à votre maire également.
Voici comment je présente le contexte physique. L’iode possède la particularité suivante, qu’elle soit inhalée ou ingérée par le corps humain, elle passe dans le sang en moins de quelques heures et se fixe principalement sur la thyroïde, cette glande à la base du cou. C’est ainsi et pas autrement : à savoir.
L’iode possède des isotopes radioactifs fabriqués dans les réacteurs nucléaires. Plusieurs de ces isotopes comme l’Iode 131 ont des demi-vie courte, 10 jours pour l’Iode 131. Si une concentration forte d’un isotope radioactif de l’iode pénètre dans le corps, la thyroïde va passer un sale quart d’heure donc.
En médecine nucléaire, on utilise exactement cette technique avec l’iode 131 : après l’ablation d’une thyroïde cancéreuse, il reste toujours quelques cellules cancéreuses. Alors on injecte une forte dose d’iode radioactif pour détruire ces dernières cellules, afin que le cancer ne redémarre pas sa croissance.
Cependant, lors du passage d’un nuage contenant des isotopes radioactifs de l’iode, après un tir nucléaire, après un accident dans une installation nucléaire, il se peut que l’on inhale ou ingère une grande quantité d’iode radioactif : même effet dévastateur que dans le cas du traitement médical du cancer mais pas du tout voulu !
La prise d’iodure de potassium permet de saturer la thyroïde en iode stable pour éviter que l’iode radioactif ne vienne s’y déposer. D’abord, pour que ce phénomène fonctionne, il faut prendre le comprimé plusieurs heures avant qu’inhaler de l’iode radioactif. Mais surtout, que fait donc l’isotope radiaoctif de l’iode s’il ne peut pas se fixer sur sa glande préférée ? Il disparaît comme par enchantement ? Non, il va se fixer sur un autre organe et inévitablement causer des dégâts. Les reins, le foie, l’estomac, le sang lui-même est bombardé des désintégrations des atomes d’iode.
Aussi, le mieux est de ne pas respirer de particules radioactives, donc de se calfeutrer et/ou de porter un masque suffisamment fin. Le mieux, c’est encore de ne pas fabriquer ces engins de mort que sont les matières radioactives concentrées, qui sont appelées combustibles au départ et qui finissent toutes en déchêts même si la législation veut pouvoir les appeler "matières potentiellement revalorisables".
Les données de l’IRSN accessibles
L’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire a depuis peu ouvert les données collectées par ses balises installées sur le territoire français. Le site s’appelle CRITER.
Quand tout va bien et que les données de mesure de la radioactivité ne mettent pas en cause l’industrie nucléaire, il y a beaucoup de transparence à l’IRSN. Nous rappelons ici que l’IRSN n’a pas donné accès aux Amis de la Terre Midi-Pyrénées aux mesures de la sonde mise en place dans l’eau de la Garonne après Golfech, là où la ville d’Agen pompe son eau potable. C’est dommage. Nous verrons ce que devient la "communication" de l’Institut si un accident survient en France ou si un nuage nous passe au dessus de la tête.
Historique des modifications
18 mars 2011 : ajout du site de l’IRSN.
Notes
[1] Voir la modélisation par Météo France du trajet du nuage jusqu’au 22 mars
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