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Le hobby "écologie" ou la logique d’accompagnement

vendredi 30 décembre 2011, par Puissance Plume

Quand j’en aurais assez du hobby "écologie", j’hésite à passer mes week-end dans la gouache au couteau ou bien le parapente. Dans cet article je met en évidence la logique d’accompagnement des associations dites "écologistes". Je la qualifie de nuisible, j’invite tous les donateurs à cesser de leur verser de l’argent. Il y a une lettre type à télécharger.


Le hobby "écologie"

Introduction par Pierre Fournier

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Avant ma propre prose, je vous invite à lire et apprécier ce que nous offre Danielle Fournier, dans "Pierre Fournier, Carnets d’avant la fin du monde". C’est une lettre de son mari Pierre, le 19 janvier 1973, à Bernier [1], qui l’a incité et aidé à monter le premier journal écologique "La gueule ouverte", désigné par le terme "la GO" :


[...] Y a plus grave. La GO n’a cessé de perdre de sa qualité du numéro 1 au 3, à mesure que j’y participais moins. C’est assez normal. De plus en plus mal foutue, inverterbrée, superficielle - à mon sens. Je dis à mon sens parce que les autres ne sont pas de cet avis. Assez contents d’eux et du résultat, jusqu’à ce que, du moins, je leur dise ce que j’en pensais [...]

Je sais bien qu’il y a une clientèle pour les revues de pêche à la ligne, de philatélie, de football, de politique ou de cul, et que l’avenir est à la presse spécialisée : chacun bien enfermé dans son “hobby” pendant qu’au pouvoir on gère la grande usine collective. L’écologie devenant un “hobby” comme les autres. Le but n’est pas là. Ou on sert à quelque chose ou on s’occupe autrement : à vivre, par exemple (en ce qui me concerne, à faire du dessin : c’est mon “hobby” justement).

On s’enferme dans l’antipollution : on a encore sali telle rivière, patrons salauds, on va bétonner telle montagne, pomoteurs caca, vive le Larzac, à bas Debré, on constate, on cumule, on lasse, on en sort pas. Jamais on ne remonte aux causes. Jamais on ne va assez loin, ni dans l’information, ni dans l’explication. Ca fait deux directions différentes mais dans un sens ou dans l’autre, il faut aller jusqu’au bout, c’est-à-dire toujours plus loin [...]

On peut très bien se limiter à l’information [...] Si on se mêle d’expliquer, il faut vraiment faire éclater les théories, c’est-à-dire prêter attention aux discours les plus divers explorant les voies les plus contradictoires. Reste la sauce pour faire passer les plats : la couleur, la poésie, le lyrisme, la “culture”, la forme. Là, jusqu’à maintenant, c’est le néant ou quasi. Ca doit pourtant être aussi travaillé que le reste. Mais faut s’y mettre...

Qu’est-ce que c’est que le hobby "écologie"

Vivre le hobby écologie, n’importe qui peut le faire, mais le coeur de cible, c’est ceux qui sentent qu’il y a quelque chose à faire et qui ne réfléchissent pas à la nature des associations dites "écologistes". Il suffit d’aller à une réunion, d’adhérer à l’association, de dire qu’on est contre le nucléaire et de participer à une action quelconque dans sa ville, son village. Ca fait passer le temps agréablement. On rencontre plein de gens bien et en plus, on apprend plein de choses pour éviter le cancer, les ampoules aux pieds, arrêter de fumer, trouver un artisan écolo de confiance pour ses travaux personnels.

Mais avec le prélèvement automatique ou le don régulier, il y a mieux encore : rester chez soi et donner de l’argent. D’autres s’en occupent de la lutte antinucléaire, de l’écologie. On dégage alors du temps pour le macramé en laine de lama équitable, le sport spectacle ou le bricolage bio-électro-climatique. De toutes façons, ce n’est pas compliqué : on n’en veut pas du nucléaire alors pourquoi donner son avis personnel ?

Trop longtemps, j’ai cru naïvement qu’avec toutes ces choses dans les associations "écologistes", on pourrait être des héros : nous on avait compris qu’il fallait "sortir du nucléaire". Or, catastrophe : ces associations non seulement n’en font pas sortir mais en plus aident le lobby à se légitimer grâce à la logique d’accompagnement. Pour illustrer ceci, prenons un cas précis.

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La Terre vue d’en bas (photo F. Boutet)

Greenpeace

C’est Greenpeace qui le dit : "nous sommes un contre-pouvoir". Tout est dit. L’association admet le pouvoir. Elle le valide. Elle admet que les technocrates parisiens du CEA viennent dans les espaces naturels régionaux, déposent des liasses de billets, imposent la présence d’un réacteur nucléaire à la place de la forêt et de l’eau : c’est le "pouvoir", c’est admis, c’est normal. Il faut donc un contre-pouvoir. C’est eux : Greenpeace. C’est leur rôle.

Greenpeace France n’a de l’association que le cadre juridique de la loi de 1901. C’est dans les faits une entreprise en croissance perpétuelle dont le conseil d’administration est composé de gens qui ont la singularité de ne jamais remettre en cause les orientations et décisions de Greenpeace International. Pour 2011, il fallait bosser sur le thon rouge et le nucléaire. C’était dicté par la hiérarchie internationale. Point. On exécute.

Greenpeace recrute. Pas n’importe qui : GP attire des talents, des gens sortis des écoles de commerce, qui connaissent les techniques de marketing. Ceux qui gravissent les marches dans la hiérarchie de l’entreprise ont un espoir de sauter dans les wagons des élus, via les partis politiques en vogue dans les sondages. L’exemple typique est ce requin de Yannick Jadot, salarié de GP élu en 2007 député au Parlement Européen.

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Le rôle des adhérents, c’est d’alimenter Greenpeace. Il faut de l’argent. Il faut des dons. Pour faire des actions médiatiques. Pour récolter de l’argent. La boucle est bouclée : le plan de financement est simple comme bonjour. Pour passer du simple hobby "écologie" au professionnel de la lutte, il n’y a qu’un pas, qui mène invariablement aux élus, à leurs officines, leurs cabinets conseils, leurs machines à feuilles excel (c).

Mais pas que de l’argent : le rôle des adhérents, c’est aussi de servir de relais aux messages publicitaires de la marque. Lorsque Greenpeace communique, elle compte sur ses adhérents pour aller déployer des banderoles aux couleurs de Greenpeace, distribuer des flyers, des prospectus, dérouler du ruban zébré jaune et noir sur des monuments. Le militant bénévole en province n’a jamais à dépenser un sou pour le matériel : tout est fourni. C’est pour cela qu’on appelle les actions Greenpeace, les « actions Playmobil(c) ».


Résumé des faits concernant Greenpeace et le nucléaire depuis 2006

En fait, tout se passe comme si Greenpeace agissait conformément à un plan établi par le Ministère de l’Industrie, la lutte antinucléaire doit être incarnée par Greenpeace dans les mass-médias. Je n’attaque pas les gens, je constate des faits. Voici comment je les résume.

15 avril 2006, manifestation contre l’EPR à Cherbourg

En avril 2006, Greenpeace était adhérente de la fédération "Sortir du Nucléaire". Une manifestation a été organisée à Cherbourg contre le projet de l’EPR de Flamanville. Nous avons été 25000 à marcher sous la pluie. Aucun problème d’ordre, nous n’avons vu aucun flic. Presque, on était chez nous une journée. Pourtant, Cherbourg c’est le temple du nucléaire : tout le monde reçoit des euros, directement ou indirectement. a priori nous n’aurions pas du être les bienvenus. Et bien non : çà s’est bien passé. Les mass-médias comme TF1 ont relayé la manifestation, qui s’est déroulée comme prévue, sans heurts. Les anitnucléaires ont eu la parole, la rue, ils se sont exprimés.

17 mars 2007, manifestation contre l’EPR dans quatre villes

En mars 2007, rebelote : une autre manifestation contre le nucléaire a été organisée, dans quatre villes, toujours contre le projet d’EPR de Flamanville, regroupant au total 60000 personnes. De même, aucun déploiement extravagant de police ou de gendarmerie n’a été remarqué. Il n’y a pas eu de heurts, de problèmes de sécurité. Les antinucléaires se sont exprimés.

C’est bien normal qu’il n’y ai aucun problème avec les flics : les deux manifestations ne dérangeaient pas le pouvoir en place. Les mass-médias montraient Greenpeace avec ses couleurs, tout le monde sait bien que ces couleurs ne changent rien aux projets des industriels. C’est juste qu’ils sont utiles pour "alerter" des dangers industriels, des problèmes éthiques et des contingences matérielles naturelles comme le dernier décompte de la population de thons rouges.

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"la parole au contre-pouvoir" par les mass-medias (1ère page 15-16 avril 2006)

juin 2007, Grenelle de l’Environnement

Après l’élection présidentielle de mai 2007, Greenpeace quitte la fédération "Sortir du Nucléaire" pour un motif bidon que tout le monde a oublié. La véritable raison est que Greenpeace veut s’asseoir à la table du "Grenelle de l’Environnement", qui est la machine conçue par les cabinets ministériels pour manipuler et récupérer puis détourner les idées des écologistes. Or :
- le Président de la République annonce qu’on ne parlera pas de nucléaire dans le processus du "Grenelle", car ce n’est pas un problème environnemental, et
- le Conseil d’Administration de "Sortir du Nucléaire", son porte-parole Stéphane Lhomme n’accepteront jamais dans ces conditions de se faire récupérer dans le processus.
Donc Greenpeace doit quitter la fédération "Sortir du Nucléaire" pour avoir les mains libres à la table du Grenelle.

Imaginons seulement Greenpeace faisant corps avec la fédération "Sortir du Nucléaire", annonçant aux mass-médias qu’il était impensable de s’asseoir à la table des négociation si l’on évoquait pas les problèmes environnementaux du nucléaires, et notamment la confrontation des bilans officiels et officieux de la catastrophe de Tchernobyl. Imaginons seulement cela. Bien embêté le Président aurait été, non ? Greepeace n’agit pas en fonction de l’écologie, en fonction des citoyens : peu importe comment elle prend les décisions, il faut constater qu’elles ne vont pas dans le bon sens et donc qu’elle est nuisible. Pour se faire une idée de la nuisance immense du "Grenelle de l’Environnement" sur le mouvement écologiste, il faut lire le livre de Fabrice Nicolino "Qui a tué l’écologie ?".

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Le Grenelle : "tout est flou, sur fond vert".

Octobre 2009, manifestation contre Fessenheim à Colmar

En octobre 2009, j’étais au Conseil d’Administration de la fédération "Sortir du Nucléaire", il y avait depuis plusieurs années une pression des militants alsaciens pour organiser une grande manifestation de portée nationale à Fessenheim et ce fût fait à l’occasion du check-up des 10 ans, dans la ville de Colmar. Cette manifestation devait être basée sur la mobilisation locale, laquelle a déjà été très forte par le passé du fait de la proximité du peuple allemand, habitués à lutter contre les projets de centrales nucléaires.

Dans Direct Matin n°495, 29 juin 2009, entretien avec Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France [2] :

« Mieux vaut prolonger les centrales qu’en construire de nouvelles »

Une grande partie des centrales pourrait voir leur vie prolongée de dix ans, voire même de vingt ans. On éviterait ainsi de se lancer à corps perdu dans un renouvellement du parc qui compromettrait la mise en oeuvre de toute vraie solution face aux changements climatiques.

La deuxième torpille est partie pendant l’été, quelques semaines avant la manifestation, Greenpeace France a décidé d’organiser une manifestation le même jour que la manif de Colmar. Cela devait se passer en Bourgogne, des militants devaient courir nus pour attirer l’attention sur le sommet de chefs d’Etat de Copenhague sur le réchauffement climatique, en décembre 2009. Je n’oublierai jamais cela.

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Cliquez pour accéder à l’évènement organisé par GP le jour de la manifestation anitnucléaire à Colmar le 03 octobre 2009

Le jour de la manifestation, il y avait un déploiement impressionnant de forces militaires et anti-émeutes. Je ne vais pas le décrire mais je pense que la plupart des gens comme moi qui sont nés après la guerre d’Algérie, n’ont jamais vu de déploiements militaires en opération, pourraient être particulièrement choqués. La Préfecture de département, le Conseil Général et la Marie de Colmar se sont comportés pendant toute la durée de la préparation de l’événement comme si la manifestation antinucléaire allait tourner aux émeutes du fait des manifestants. Dès lors, ils devaient "assurer la sécurité des habitants", et donc, déployer des forces de l’ordre.

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Accès à la zone de la manifestation ; Colmar 2009 (photo F. Boutet)


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Dans la zone de manifestation ; Colmar 2009 (photo F. Boutet)


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Dangereux manifestants justifiant le déploiement policier et militaire ; Colmar 2009 (photo F. Boutet)

Bref à la manifestation antinucléaire de Colmar en octobre 2009, qui avait pour but de demander l’arrêt définitif de la centrale nucléaire de Fessenheim :
- Greenpeace n’était pas organisateur,
- Greenpeace déclarait dans les mass-médias que c’était mieux de prolonger les vieilles centrales que d’en construire de nouvelles, faisant implicitement passer en priorité le traitement de la menace du réchauffement climatique devant la menace d’une catastrophe nucléaire,
- Greenpeace organisait un événement médiatique le jour dans une région voisine sur le réchauffement climatique.

6 février 2010 : putch de salariés à "sortir du nucléaire"

Lors de l’AG du 6 février 2010, des salariés de la fédération SDN aidés par des bénévoles gouvernants dans l’esprit d’entreprise Greenpeace/Les désobéissants ont réussi un putch dans la fédération antinucléaire. Cette prise de pouvoir qui fait l’objet d’une demande d’annulation en Justice de la part de trois anciens administrateurs est un coup de force des réchauffistes sur les antinucléaires, de ceux qui veulent gouverner sur ceux qui veulent changer la société, des mous sur les radicaux, des gens qui circulent dans les structures pyramidales hiérarchiques sur les gens qui circulent dans des réseaux interconnectés. Au final, une véritable cission s’est déroulée, les putchistes déployant énormément d’énergie pour masquer cette cission, et accuser les radicaux de vouloir détruire la structure, de vouloir faire perdre le camp antinucléaire.

Je ne vais pas m’étendre ici sur ce sujet. Non pas que ce ne soit pas intéressant. Mais ce n’est pas le sujet, je veux juste souligner que cet événement a considérablement diminué la force citoyenne de la fédération antinucléaire pour orienter les donateurs vers la militance hobby playmobil sous des slogans flous et mous, qui ne gêne en rien le pouvoir et institutionnalisent le contre-pouvoir.

Bilan 2006-2009

Tout le monde peut constater après la lecture de ces faits qu’à chaque fois, Greenpeace a été dans la direction du pouvoir : organisation des manifestation qui sont acceptées par le pouvoir, contre-organisation des manifestations qui ne sont pas acceptées par le pouvoir, et participation au Grenelle malgré l’empêchement de discuter de nucléaire.

Pas de procès d’intention ici : personnellement, j’en ai rien à foutre de leurs motivations. Ce qui comptent, c’est de voir ce que font ces gens.


La logique d’accompagnement national

Au final, c’est donc une logique d’accompagnement qui s’installe : le CEA arrive dans les espaces naturels en région avec ses projets nucléaires, c’est le pouvoir, il décide. Les associations "écologistes" jouent le rôle de contre-pouvoir. C’est dans l’ordre des choses : ils accompagnent le projet car à tout projet, il faut bien des opposants, des gens contre. Sinon, où est le semblant de démocratie ? Les opposants vont écrire des remarques dans les "enquêtes publiques", où la parole leur est donnée, pour qu’ils soient consultés, parfois après même la décision de lancement des projets, comme ça a été le cas pour l’EPR de Flamanville.

Lorsque le lobby lance une campagne de publicité pour « l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire », les associations antinucléaires contre-attaquent : il faut de l’argent et des "militants" pour lancer une "offensive médiatique" [3]. Ainsi, cela justifie les dons fait à l’association. On accompagne les projets.

PLOGOFF

ERDEVEN
PORT LA NOUVELLE
LE CARNET

Les victoires des antinucléaires sont à l’opposé de la logique d’accompagnement : les gens savent bien qu’ils luttent contre ces technocrates parisiens se prenant pour le Dieu-Gouvernant. Ils lancent des pierres contre des policiers venus imposer une loi centrale dans leur territoire, venus leur imposer leur projet, et la pollution qui va avec.

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La Terre vue d’en bas (photo F. Boutet)

Lettre type pour cesser de verser de l’argent à Greenpeace

Version PDF


Pascal Husting
Greenpeace France
22, rue des Rasselins
75020 paris

Monsieur,

Veuillez s’il vous plaît cesser mon prélèvement automatique en votre faveur. Vous trouverez ci-dessous l’historique des faits et l’analyse qui me pousse à considérer la position de votre association comme nuisible.

.

Un accident nucléaire est inévitable sur notre sol, comme les crash d’avions sont inévitables, comme les marées noires sont inévitables, comme les erreurs humaines sont inévitables.

Les pertes humaines imputables à l’explosion de Tchernobyl entre 1986 et 2004 atteignaient presqu’un million, selon l’étude russe de Yablokov, traduite et publiée par l’Académie des Sciences de New York en 2009. Et ce ne sont que les morts, il y a aussi les malades.

- en 2007, GP sort du réseau Sortir Du Nucléaire, et immédiatement après,
- en 2007, GP participe au Grenelle, dont la base est qu’il n’y a pas de problème avec le nucléaire,
- en 2008, GP annonce qu’elle ne participera pas à la manif de Colmar du 3 octobre 2009 contre la poursuite de l’exploitation de la centrale nucléaire de Fessenheim,
- en 2009, GP prend position sur la prolongation des vieilles centrales : soit disant que ce serait un moindre mal, par rapport à la construction de nouvelles centrales EPR,
- en 2009, GP organise un événement médiatique pendant la manifestation de Colmar pour la fermeture de Fessenheim, événement portant sur le changement climatique.

Bref, à chaque fois, GP va dans le sens du pouvoir.

Votre attitude de ne pas mettre en priorité l’arrêt immédiat des réacteurs nucléaires [4] - position éthique indispensable à la vie et à tout changement de société – est irresponsable. Vos actions sont nuisibles à l’indispensable changement de société qui s’impose lentement mais sûrement. Elles confortent le pouvoir en place et confortent le sentiment qu’une solution pourrait venir du pouvoir en place, ce qui est totalement illusoire et stupide.

Veuillez agréer mes très sincères salutations


Lettre type pour cesser de verser de l’argent à SDN


Philippe Brousse, directeur général
Sortir du Nucléaire
9, rue Dumenge
69000 Lyon

Monsieur,

Veuillez s’il vous plaît cesser mon prélèvement automatique en votre faveur. Vous trouverez ci-dessous l’historique des faits et l’analyse qui me pousse à considérer la position de votre association comme nuisible.

Le 6 février 2010, vous avez co-organisé une prise de pouvoir par la manipulation de l’Assemblée Générale, faisant croire à une situation d’urgence qui n’en était pas une puisqu’elle était connue depuis un mois.

Vous n’avez cessé de soutenir et de renforcer toutes les alliances avec les partenaires qui ont les lignes politiques les plus molles, comme une "sortie progressive à trente ans". C’est indigne.

Récemment, vous avez lancé une campagne pour l’élection présidentielle, avec un document de campagne qui n’est pas le résultat d’un vote démocratique des adhérents, demandant aux candidats à l’élection de s’engager sur une ligne molle sans durée, ce qui est en contradiction pure avec l’appel solennel que votre organisation elle-même a signé et qui demande l’arrêt immédiat de 21 réacteurs.

Votre attitude de refuser la ligne de l’arrêt immédiat des réacteurs nucléaires [5] - position éthique indispensable à la vie et à tout changement de société – est irresponsable. Vos actions sont nuisibles à l’indispensable changement de société qui s’impose lentement mais sûrement. Elles confortent le pouvoir en place et confortent le sentiment qu’une solution pourrait venir du pouvoir en place, ce qui est totalement illusoire et stupide.

Veuillez agréer mes très sincères salutations


A ceux qui m’accusent de "diviser"

Ils m’accusent de "diviser", d’être "négatif", ils donnent des leçons de morale en "préférant travailler à construire des nouvelles choses".

Souvent, ces remarques apparaissent quand mes interlocuteurs n’ont plus d’arguments sur le fond. Alors ils critiquent la forme.

Personnellement, j’ai vécu l’intérieur CA/Salariés de "Sortir du Nucléaire". Ce sont quelques salariés et quelques administrateurs qui ont réalisé le putch de 2010, expulsant ceux qui avait refusé le licenciement du porte-parole Stéphane Lhomme. C’est qui qui divise ?

En réalité, la division existe parce que des différences énormes sur le plan éthique et moral existent entre ceux qui veulent une poursuite du nucléaire sur vingt ans en s’arrangeant avec le pouvoir en place, et ceux qui veulent un arrêt immédiat, qui s’accompagne forcément d’un changeant de pouvoir en place, destiné à confier aux citoyens leur propre sort.

Ceux qui s’accommoderaient du nucléaire pendant vingt ans supplémentaires sont typiquement incapables de concevoir un scénario de type negawatt en intégrant une catastrophe nucléaire majeure sur le sol français. C’est inconcevable dans leur état d’esprit. Pourtant, c’est inévitable, comme les crash d’avion sont inévitables, les marées noires sont inévitables, les erreurs humaines sont inévitables.

Cette accusation de "diviser" est donc infondée : au contraire, moi je souhaite unifier les mouvements derrière une vision réaliste de la situation, prenant en compte l’imminence de la catastrophe nucléaire majeure. Quel autre but plus important pourrions-nous poursuivre que d’arrêter les réacteurs nucléaires ? Il n’y en a pas ! Tous ceux qui vont contre cela sont mes ennemis : ils nous y entrainent, ils acceptent la catastrophe nucléaire majeure.

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La Terre vue d’en bas sur l’écran d’ordinateur. Je marche, d’un pas décidé. Parce que je suis maintenant de ce côté de la pente, celle de la vérité.

Notes

[1Bernier, alias le professeur Choron.

[3Voir le projet de Chaine humaine coordonné par l’entreprise environnementaliste "Sortir du Nucléaire".

[4Voir la position de la coordination « Stop Nucléaire », http://www.coordination-stopnucleaire.org

[5Voir la position de la coordination « Stop Nucléaire », http://www.coordination-stopnucleaire.org

4 Messages

  • Plus un rond pour les "écolopros" ! Le 8 janvier 2012 à 00:21, par Roger NYMO

    Si j’étais manchot je me ferai greffer un bras pour pouvoir applaudir !

  • Réponse d’un adhérent "libre" de Greenpeace Le 8 janvier 2012 à 18:07, par Cyril

    J’ai lu cet article fort intéressant.
    Que Greenpeace n’est pas une association démocratique, qu’elle est sous la loi 1901 pour respecter le cadre juridique français, cela n’est pas une nouvelle.
    Nous le savons et Greenpeace ne s’en cache pas. Le bureau de l’association sert essentiellement à contrôler les comptes et le respect des campagnes choisis par la direction et Greenpeace International.
    Greenpeace est une organisation verticale dont les axes de campagnes sont fixés par les directions nationales et Greenpeace International. Les bénévoles "de province", plus exactement des 25 groupes locaux de différentes villes en France ne font que suivre les demandes d’en haut et ont peu de liberté de manœuvre. Cela aussi n’est pas une nouvelle, les bénévoles connaissent le fonctionnement, les règles et même en sont très conscient mais c’est cela qui fait la terrible efficacité de Greenpeace. :-)
    Les bénévoles et activistes sont largement informés et sont libres de ne pas participer à une activité ou action comme le sont les faucheurs, les désobéissants ...
    Si on veut être bénévole dans une asso plus démocratique, il y en a plein comme les amis de la Terre mais c’est un choix personnel entre efficacité et idéologie "politique". ;-)

    Concernant la dérive "com", n’est ce pas la marque de fabrique finalement de Greenpeace depuis sa création ? La différence est aujourd’hui certainement dans les moyens financiers. Il est vrai que depuis quelques années la dérive com semble peu être plus prononcée que le fond des sujets... Comptez sur les militants et adhérents pour s’en faire échos auprès du siège pour être entendu et infléchir la direction de Greenpeace avec la peur de perdre des dons mais encore une fois n’est ce pas un problème de société avec la médiatisation actuelle et le souhait d’images et de zapping au détriment du fond ? :-(

    Au sujet de ce paragraphe : "C’est Greenpeace qui le dit : "nous sommes un contre-pouvoir". Tout est dit. .... c’est normal. Il faut donc un contre-pouvoir. C’est eux : Greenpeace. C’est leur rôle."
    Le raccourci est bien infantile, le pouvoir est un fait actuel et cela ne veut pas dire qu’une personne qui lutte contre le reconnaisse à ce que je sache...:-/

    Concernant, Pascal Husting qui quitte cette année la direction de Greenpeace France. Je ne suis pas vraiment un défenseur de cette personne mais je dois dire que ces propos sont déformés dans votre exposé. Pour avoir discuté directement avec lui en décembre 2010 , sa version sur les centrales est différente de ce que vous reportez. Pour situé le contexte au moment de mon dialogue avec lui, on est avant Fukushima , les français sont encore largement favorable à l’atome à ce moment. Ce point est très important. Pascal Husting estimait que la sortie du nucléaire se ferait au mieux en ne construisant plus de nouvelles centrales et en fermant les centrales au fur et à mesure de leur fin de vie (sans les prolonger) comme le prévoit le scénario négawatt. Il ne m’a donc jamais parlé de prolongation. Pensez à ce moment au cas particulier et très difficile de la France, avec une population formaté à l’atome, c’est ce qu’on pouvait espérer de mieux. N’oublions pas l’affaire de Rainbow Warrior où Greenpeace a été contraint de fermer son bureau en France pendant 2 ans, cela laisse des traces...traces réciproques qui expliquent aussi pourquoi l’état réagit avec prudence lorsque des militants de Greenpeace sont présents lors d’une manifestation ou action.

    Donc prônez la division si vous souhaitez en demandant de retirer nos dons et en abondant dans le sens des semeurs de zizanie (Pouvoir, Président, les antinuke radicaux...:->) si vous souhaitez. Je trouve cela une perte de temps et improductif. Pour ma part j’estime que cette association est plus qu’utile (que de combats qui ont changé les choses et empêché des pires !). Surtout plutôt que de partir dans le négatif par la destruction des alliés, je préfère, en plus que de trouver utile des associations médiatiques de dénonciation comme Greenpeace, aussi construire des alternatives La construction d’alternatives par l’exemple est aussi une bonne méthode de lutte.

    Je pense que l’on a beaucoup à gagner à se connaitre tous les deux, les militants de Greenpeace comme moi savent aussi critiquer leur propre association pour l’améliorer mais demander de ne plus la financer, c’est à mon avis desservir ainsi les luttes contre les atteintes à l’environnement. Venez le vendredi 27 janvier (place wilson) et le samedi 28 janvier (prairie des filtres) à la tournée à l’initiative de Greenpeace sur la transition énergétique, vous découvrirez une nouvelle approche de Greenpeace qui m’a moi-même surpris : l’implication constructive et démocratique du citoyen sur l’énergie. Greenpeace souhaite que ce soit le citoyen qui devienne acteur et décideur pour son avenir énergétique, un bon moyen pour sortir du nucléaire à mon avis grâce à l’acceptation des citoyens enfin impliqués dans le débat. D’ailleurs tout citoyen qui veut venir pour la transition énergétique est le bienvenu ! Il y aura d’autres associations et surtout des citoyens en eux-même ! :-))

    Solidairement
    Cyril, adhérant et bénévole du groupe local de Greenpeace Toulouse, aussi impliqué dans la démocratie réelle (à l’opposé du fonctionnement de Greenpeace) et dans les mouvements de ville en transition, comme quoi les opposés ne sont pas forcément inconciliables ...

    PS : Vous ne parlez pas de la dernière action risquée d’intrusion dans les centrales...

    • Réponse d’un adhérent "libre" de Greenpeace Le 8 janvier 2012 à 18:11, par Cyril

      Ces propos n’engagent que moi et aucunement Greenpeace que je n’ai pas consulté.
      Cyril

    • Réponse d’un adhérent "libre" de Greenpeace Le 8 janvier 2012 à 23:04, par Frédéric Boutet

      Bonsoir Cyril,

      D’abord, merci pour votre argumentation. Rares sont ceux qui argumentent, qui essaient d’y voir plus clair. Si vous faisiez partie de la hiérarchie chez GP, évidemment, vous observeriez le "devoir de réserve sinon t’es viré". Mais là, vous utilisez votre pouvoir d’expression personnel, et pour moi c’est le plus important.

      GP est une hiérarchie pyramidale. Vous dites deux choses : "c’est pas nouveau" et "c’est efficace".

      D’abord si ce n’est pas nouveau, ça mérite d’être rappelé, comme il est bon de rappeler que la Police parisienne a assassiné des centaines d’Algériens le 17 octobre 1961. Parce que sinon, voyez-vous... Certains ne le découvrent pas et d’autres oublient ! Or, après avoir lu Bookchin, en particulier sur le fait que les déséquilibres observés dans la Nature sont le résultat de déséquilibres générés dans la société par la relation de domination [1], et bien en aucun cas GP ne peut représenter l’avenir. Puisque c’est une pyramide hiérarchique, c’est ce dont nous ne voulons plus, ce n’est pas un modèle. L’affirmation "ce n’est pas nouveau", en l’occurence, n’est pas un argument. Pourquoi parler de démocratie aujourd’hui en 2012 ? Ca a déjà été dit. Pourquoi parler de liberté ? Ca a déjà été dit.

      Ensuite, "la hiérarchie dans GP c’est terriblement efficace".
      J’ai fait l’effort de résumer l’action de GP France sur le nucléaire de 2006 à 2009. Je constate que GP a organisé la mobilisation contre l’EPR : flop total, l’EPR se construit. GP s’est assis au Grenelle où le nucléaire n’était pas un problème environnemental, flop total du Grenelle. GP a décridibilisé la mobilisation contre Fessenheim, hop, Fessenheim se poursuit. Et vous, vous appelez ce bilan "efficace" !!!??? En fait, vous parlez de l’action top down : lorsque les bénévoles sont des braves moutons obéissants à la hiérarchie parisienne, alors effectivement, l’exécution des ordres est "efficace". Mais moi je m’en moque de cette efficacité-là : moi je veux arrêter les réacteurs nucléaires avant qu’ils n’explosent.

      Vous dites : "[...]le pouvoir est un fait actuel et cela ne veut pas dire qu’une personne qui lutte contre le reconnaisse à ce que je sache…"
      Mais moi je parle du Grenelle : lorsque vous vous asseyez à la table de Sarkozy qui a annoncé à la presse que la discussion porterait sur l’écologie mais que le nucléaire ne serait pas un problème abordé, vous êtes un collabo. Ne me faites pas le coup de "on ne pouvait pas savoir, ça avait l’air bien le Grenelle" : nous savons TOUS que ce que cela signifie de s’asseoir à la table de Sarkozy : lui lécher les bottes pour accéder aux postes reconnus. Le pire étant que ce requin de Jadot s’est servi du Grenelle comme tremplin pour accéder à des responsabilités politiques ! Je connais des gens de droite qui militait à l’UMP et qui ont cru au Grenelle et maintenant, ils observent une très grande retenue. Mais nous : on savait TOUS que c’était BIDON.

      A propos de Husting. Vous rapportez des propos de Husting, c’est encore pire que ce que je pensais : Husting n’est pas contre le nucléaire. Son opinion sur le sujet valse donc avec les sondages. Qu’est-ce qu’il attend pour faire de la politique, comme Jadot ? Par ailleurs, je vous signale que moi je m’en contrefiche de savoir ce qu’il pense personnellement : l’important est qu’il a ballardé DEUX interview nationales en 2009, en juin et en juillet dans "Le Monde", soit trois mois avant la manif contre Fessenheim, et qu’il a dit que c’était mieux de poursuivre les vieilles centrales. C’est juste qu’il mérite tous les qualificatifs qui lui permettrait de me poursuivre en diffamation. Sauf que moi, qu’est-ce que je peux faire contre ce qu’il a fait ? Qu’est-ce que je peux faire contre le mal qu’a fait le "Grenelle" ? Lisez Nicolino pour vous rendre compte des dégâts qu’on provoqué leurs agissements.

      D’après vous, je prône la "division". Mais non : AU CONTRAIRE !
      C’est vous qui encouragez la division. Vous dites "y’a Greenpeace hiérarchique tyrannique mais efficace et y’a les Amis de la Terre, gentils démocrates". C’est comme en politique : vous n’en avez rien à faire du but à accomplir, fermer les réacteurs nucléaires avant qu’ils explosent comme à Tchernobyl et Fukushima, ce qui compte pour vous c’est que "chacun y trouve son compte chacun dans sa paroisse". C’est vous qui - sans le savoir peut-être - effectuez une DIVISION du monde. Moi, au contraire, je prône une union sacrée de citoyens autour de "danger immédiat / arrêt immédiat", qu’est-ce qu’on en a à foutre de GP ou des AT ? Il faut mettre des priorités aux choses et une fois ceci acquis, faire travailler les neurones pour la suite (transition énergétique).

      Vous dites : "Greenpeace souhaite que ce soit le citoyen qui devienne acteur et décideur pour son avenir énergétique".
      C’est très bien, mais en quoi est-ce que donner de l’argent à GP va nous aider à cela ? GP est une pyramide hiérarchique qui souhaite que les citoyens ne soient pas dans une pyramide hiérarchique ? Pardon, mais excusez-moi : quand quelqu’un allume une clope et me dit : "il faudrait que vous arrêtiez de fumer", ben je me marre. En fait vous vous mentez à vous-même.

      Quand à la dernière action "risquée" de GP dans les centrales, ça a déjà été fait par un trio connu dans le Sud-Ouest en 1997, ils sont montés sur un dôme à Golfech. Et qu’est-ce que cela a fait ? RIEN. Merci. Et pourquoi cela ne change rien ? A votre avis ?

      A la fin, je reviens sur ce que je disais au début : l’important pour moi est que vous ayiez pris la parole personnellement. Cette démarche est la seule possible : chacun prend son courage à deux mains et la parole ensuite. On a toujours peur de dire des bêtises, d’être décalé, rabroué. Personnellement, tant que je ne me ments pas à moi-même, tant que je ne ments pas aux autres, je continue de croire à mes intuitions et à les exposer.

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