Le droit de vote menacé en France en 2012

A droite comme à gauche, une inquiétante vague d’acceptation se forme comme un recours inéluctable face à l’abstention aux élections. Des députés proposent d’échanger le vote obligatoire contre la reconnaissance du vote blanc. Ce serait la fin du droit de vote.

sommaire

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La proposition de loi 3836

La proposition de loi 3836 instaurant "le vote obligatoire, l’inscription d’office sur les listes électorales et la reconnaissance du vote blanc" est consultable sur le site de l’Assemblée Nationale.

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Exposé des motifs :

Le vote est un droit et un devoir citoyen.

La participation des citoyens français aux consultations électorales chute sans cesse d’élection en élection. Les récentes élections cantonales de mars 2011 ont connu un taux d’abstention record de plus de 55 %. La présente proposition de loi constitutionnelle vise à faire reculer cette tendance, en faisant du vote une condition de la citoyenneté et en permettant la reconnaissance du vote blanc (PPL déposée séparément).

Nos représentants politiques doivent être élus par une majorité de citoyens. Dans l’idéal républicain le taux est de plus de 50 % de la population en âge de voter. C’est une nécessité pour la démocratie et pour une incontestable représentativité des élus.

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La criminalisation d’opinions philosophiques

L’obligation d’inscription sur les listes électorales et l’obligation de vote signifient la criminalisation de ceux qui ne vont pas voter. Or parmi ceux-là, certains ne vont pas voter par sensibilités philosophiques divergentes avec le système actuel.

L’éthymologie du mot anarchie est la suivante :
 a est le préfixe grec signifie "sans"
 archie est le mot pouvoir, gouvernement.
L’anarchie est un ordre sans gouvernement. On pourra lire le discours que prononça Elysée Reclus en 1894 devant des francs maçons belges : l’anarchie.

Supposons que je sois anarchiste. Je crois que la Nature n’a pas de gouvernement. Un scientifique a calculé que la vie avait dix puissance moins deux mille chances d’apparaître sur Terre, voir L’écologie en bas de chez moi de Iegor Gran. L’ordre qui résulte de cette absence de gouvernement est juste. Le lion est le prédateur des gazelles mais jamais le lion ne pourra exterminer les gazelles. Je pense donc que les équilibres auxquels aboutit l’absence de gouvernement est juste.

A l’inverse, les religions monothéistes, catholiques, judaïque et musulmane, pensent que c’est leur Dieu qui gouverne la Nature. En l’occurence, ces religions ont tendance à vouloir donc imposer aux hommes que Dieu les gouverne aussi. Elles se font la guerre entre elles pour cela.

Bref, si je suis anarchiste actif, je ne vais pas voter. A la place de voter, toute l’année, j’essaie de convaincre mes compatriotes qu’il existe des formes d’organisations meilleures que la "démocratie représentative", qui n’est d’ailleurs pas une démocratie. C’est ma nature profonde, ma raison d’être, ma participation à la vie publique. Je défend ces idées-là.

Dans ce contexte, l’instauration du vote obligatoire criminaliserait mes opinions philosophiques. On considère souvent en France que chacun a le droit de croire en un Dieu donné, c’est la laïcité. Mais quelles sont les libertés et les droits de ceux qui croient en l’absence de gouvernement de la Nature ? Visiblement, ceux qui proposent l’instauration du vote obligatoire ne semblent pas se préoccuper de cette liberté fondamentale que de pouvoir croire en des opinions philosophiques de tendance anarchiste.

Une question légitime est : le vote blanc remplace-t-il l’abstention pour opinions philosophiques de tendance anarchiste ? Bien sûr que non. Car le vote blanc signifie :
 je ne trouve pas de représentant qui me représente parmi ceux qui se présentent, ou
 la question qui est posée ne me convient pas, il faut changer la question.

Dans les deux cas, le vote blanc signifie : "je suis d’accord avec ce système d’organisation par élection de représentants du peuple". Ce qui est complètement autre chose que l’abstention de tendance anarchiste.

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L’obligation de vote supprime le droit de vote

La proposition de loi comment par ces mots :

Le vote est un droit et un devoir citoyen.

Je ne ferai de raisonnement qu’à l’intérieur de la démocratie représentative actuelle afin d’éviter de me disperser. Avant l’instauration du droit de vote, il y avait l’absence de vote, qui était une obligation de ne pas voter.

En basculant du droit de vote à l’obligation de vote, on repart vers l’obligation, mais cette fois-ci à l’autre extrême. L’obligation de vote supprime le droit de vote. D’où le titre de cet article.

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Une honteuse fausse solution

Ce qu’il y a de plus choquant dans cette proposition, c’est la solution qui est trouvée par ces députés pour résoudre le problème qui est posé. Ce problème est résumé ainsi dans l’énoncé de la proposition 3836 :

La participation des citoyens français aux consultations électorales chute sans cesse d’élection en élection.

La question importante que devrait se poser ces députés est : "pourquoi ?". Mais non. Ils énoncent leur objectif :

Nos représentants politiques doivent être élus par une majorité de citoyens. Dans l’idéal républicain le taux est de plus de 50 % de la population en âge de voter. C’est une nécessité pour la démocratie et pour une incontestable représentativité des élus.

Puis ils proposent de recourir à la force pour y arriver : l’instauration du vote obligatoire. C’est à vomir !

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Contre-propositions

Il ne fait aucun doute que le système médiatico-politicien actuel est un échec total pour l’intérêt général : les citoyens voient bien que les alternances politiciennes n’ont rien changé et c’est tout naturellement que l’élection rencontre un désavoeu puissant.

Dans cet article, nous dirons les considérations suivantes.

• Face au sentiment anti-système, le vote extrême-gauche ou extrême-droite n’est pas une solution car, d’abord, c’est toujours un vote et ensuite, le repli nationaliste est dangereux. On lira l’analyse de Patrick Mignard à ce sujet : La tentation nationaliste. Ceci ne signifie pas que nous devons abandonner l’idée de la nation aux extrêmes. Si le lion peut être qualifié de dangereux, il n’est pas question de l’éliminer.
• la constitution doit être ré-écrite par un processus citoyen dont l’objectif est de construire un système qui préserve l’intérêt général. En ce sens, nous encourageons les discussions de démocratie réelle initiés par les indignés, les réflexions d’Etienne Chouard par exemple.