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Partageons les richesses, et donc partageons le pouvoir

vendredi 17 juin 2011, par Puissance Plume

Tous nos problèmes viennent du fait que nous ne partageons pas le pouvoir, que nous ne décidons jamais rien de notre vie ensemble. Quand le pouvoir de décider est réparti sur l’ensemble de la population localement, alors c’est la conscience collective commune qui décide. Or, celle-ci est toujours mesurée, intrinsèquement éloignée des extrêmes.

Cette démocratie représentative

Dans notre démocratie représentative, nous ne pouvons décider que d’une seule chose en votant : la désignation de personnes à des postes administratifs hiérarchiquement organisés par la Constitution. Cela va de l’élection du conseil municipal à l’élection présidentielle, sommet de la pyramide.

Dans notre démocratie représentative, la télévision et les grands médias ont remplacé la discussion. Aux Etats-Unis d’Amérique, 93% des élus sont les candidats ayant dépensé le plus d’argent en spots télévisuels [1]. Pour être député, le ticket d’entrée est de 1,1 millions de dollars. Pour devenir sénateur, c’est 6,5 millions de dollars. Les candidat se tournent vers les puissances de l’argent, banquiers et grandes compagnies industrielles. Et sans que ce soit écrit ou dit quelque part, ce n’est pas sans contreparties naturellement.

Si nous devions organiser notre vie ensemble, à très nombreux, ce que nous appellons "gauche" et ce que nous appellons "droite" ensemble discutant, nous n’aboutirions jamais à la privatision des télécommunications, de la sécurité sociale, de la Poste, de l’enseignement, de l’énergie, de la santé. Nous ne mettrions jamais en place des centrales nucléaires. Ces choses abominables qui menacent l’espèce humaine sur Terre n’existent que parce que nous prenons pas notre part de décision, chacun.

Vers une véritable démocratie

Ils nous disent :
- « On ne peut pas prendre une décision collective à tous, c’est infaisable ». Certes, à partir d’un moment, en France avec plus de 60 millions d’administrés, la représentation devient nécessaire sur le plan matériel. Mais deux paramètres essentiels doivent être étudiés : le processus de désignation du représentant ne doit pas engendrer de distinction élus/citoyens et probablement contenir une part de hasard et aussi, les temps de discussion du représentant avec sa base doivent être équilibrés avec les temps de discussion avec l’industrie.
- « Tout le monde ne peut pas participer aux discussions, certaines étant très techniques. » Il est important de noter que ceci est une opinion philosophique aboutissant à la technocratie, le gouvernement par la technique, la société des experts. Or, la décision d’un peuple n’est pas technique mais philosophique et culturelle. Voter, être à gauche ou à droite, n’a rien de scientifique. Je pense moi que tout le monde a le droit et le devoir de participer à toutes les discussions, la seule limite étant matérielle : jusqu’à combien de personnes peut-on discuter ?

Ecouter, c’est discuter. Participer, silencieux, silencieuse à un conseil municipal, c’est prendre part à la conscience collective. Cette dernière se forme parce que Madame X discute avec Monsieur Y d’une chose, qui va être interprétée par Madame Z, ainsi de suite. Quand ces gens se réunissent en conseil pour discuter de cette chose, une conscience collective s’est déjà installée. Toute décision sur le sujet sera influencée par le fait que ces personnes qui en ont parlé sont présentes au moment de la discussion, sans forcément qu’elles disent quoi que ce soit.

Il n’y a pas d’Etat, il y a 100 compagnies mondiales

Même les élus n’ont pas de pouvoir de décision. Par exemple, Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo auraient souhaité que la "taxe carbone" soit mise en place. Nous ne défendons pas ici le principe de cette taxe [2]. Même s’ils la souhaitaient, en visant un électorat centre-droit sensible à l’écologie, ils n’ont pas pu le faire. Les fédérations des transporteurs ont dit : "nous ne la paierons pas". Les pêcheurs ont dit : "nous ne la paierons pas". Les fédés d’agriculteurs ont dit la même chose. Restait plus que les particuliers pour être taxés, ce qui est inconstitutionnel parce que discriminant. Bref, le Président et son Ministre n’ont pas eu le pouvoir de décider sur cette affaire.

“Il n’y a pas d’Etat, il y a cent compagnies dans le monde, dont cinquante sont américaines”. C’est une phrase extraite du deuxième film Zeitgeist. Elle est parlante de vérité. Par exemple, la société Mac Millan, qui n’est pas côtée en bourse et qui appartient à la famille du même nom, contrôle 80% des exportations de maïs américain et 80% des importations de céréales de la Corée du Sud. Un jour, les sénateurs US voulaient avoir plus de détails sur les exportations de la compagnie, ils ont convoqué Monsieur Mc Millan au Sénat. Il leur a dit : « ceci est une affaire privée ».

La culture "démocratie représentative déviante" se répand partout

Nous construisons des associations "loi 1901" sur le modèle de nos institutions et nous reproduisons les mêmes erreurs de concentration des pouvoirs. Conseil d’administration et salariés jouent dans les associations "1901" le même rôle qu’élus et cabinets ministériels dans notre République. Qui plus est, les gens qui jouent un rôle dans la vie politique souhaitent que le fonctionnement des associations soit identique : prise de pouvoir par la maîtrise des AG, puis techniques d’exercice du pouvoir pendant un an, c’est une simplification agréable pour eux.

Je prendrai comme exemple la fumeuse association "Sortir du Nucléaire", qui est complètement dominée par le parti des Verts, Greenpeace, et dont le couple dirigeant CA/Salariés a procédé à une épuration philosophique importante en fevrier 2010 en virant un salarié et expulsant sept administrateurs du CA. Ils sont soutenus par l’association "Amis de la Terre Midi-Pyrénées" qui a le même fonctionnement avec pouvoirs concentrationnaires, culte du secret, relations "politiques" et donc beaucoup d’argent.

Partager le pouvoir

Il est évident que nous devons reprendre la décision de notre vie. Nous devons apprendre à partager le pouvoir. Parce que chacun doit se nourrir, chacun doit faire un geste pour cela : discuter de la terre, chercher des solutions oragnisationnelles ou techniques, comprendre la terre, travailler la terre ou participer à la distribution des produits de la terre. Personne ne doit échapper à faire un geste dans ce processus, même ceux qui voyagent en jet privé.

Partager les richesses oui, mais le pouvoir c’est une richesse, donc partager le pouvoir aussi.

Notes

[2sur le plan de l’écologie, la "taxe carbone" est absurde puisqu’elle remplace la décroissance par de la spéculation et en plus elle aurait permis au *** de Jancovici de rendre le chauffage nucléaire artificiellement compétitif en euros auprès des particuliers. Or, l’électricité est physiquement et économiquement l’énergie la plus chère pour se chauffer, voir Wikipedia

2 Messages

  • Partageons les richesses, et donc partageons le pouvoir Le 6 janvier 2012 à 06:31, par Alain Duez, l’âge de faire

    Bonjour,
    Le bon niveau de votre propos est un peu gâché par les réglements de comptes locaux et partisans, même si je partage votre avis sur la médiocrité de l’action de Sortir du nucléaire. Mais elle n’était pas meilleure avec les exclus...
    Ceci dit, le premier paragraphe et le dernier de votre lettre (pour ne pas être trop long et pas lu) auraient leur place dans l’argumentaire du Plan ESSE que je vous laisse découvrir (si ce n’est dèjà fait). On en parle quand vous voulez.
    Merci de prendre connaissance du Plan ESSE projet indispensable pour reprendre main sur notre avenir http://www.le-plan-esse.org ; http://www.dailymotion.com/video/xn8daa_plan-esse_news

    • Partageons les richesses, et donc partageons le pouvoir Le 6 janvier 2012 à 23:13, par frederic Boutet

      Bonsoir Alain,

      J’ai consulté la page "pourquoi ?" du projet ESSE.
      Je n’y ai vu aucune occurrence du mot "décider" ou de sa racine.
      Donc effectivement, il serait souhaitable d’intégrer la décision citoyenne dans le fondement du projet.

      D’autres trouvent opportun de promouvoir "l’impression de décision citoyenne" pour mieux asseoir l’autorité des élus. Vous connaissez déjà le phénomène de récupération, en voici un exemple récent :
      http://www.p-plum.fr/?Lettre-a-Bruno-Le-Maire
      Je pense que cela va apparaître dans la campagne présidentielle. Vous y serez attentifs pour vos lecteurs. Merci par avance.

      En fait, je me demande pourquoi on parle d’économie, fusse-t-elle solidaire équitable bio durable juste.
      Il y a des initiatives qui foisonnent. Tant mieux. Qu’elles foisonnent.
      Si on veut les relier, le centre de gravité, c’est la constitution, c’est ce qui nous relie tous ensemble.
      Comment on s’organise ?

      J’ai maintenant un gros défaut/tic qui est apparu : dès que je vois un projet pour "lier les acteurs" qui ne remet pas en cause les mécanismes institutionnels, je bouille, j’écume.
      Ce sont les députés qui ont voté la loi sur les privatisations, le nucléaire. Ce sont des mécanismes institutionnels.
      Donc arrêtons de viser à côté de la cible.

      J’ai très rapidement établi un aperçu des différents points chauds où ça bosse sur une nouvelle constitution, c’est là :
      http://www.p-plum.fr/?La-democratie-representative-n-est#forum75
      Ca mériterait d’être étayé.

      Mon idée directrice est d’introduire de la diversité à la place de la représentation dans nos institutions.

      La représentation, je pense que tout le monde sait : un député pour 20000-50000 personnes par exemple.
      Pour voir ce que je met derrière le mot "diversité", j’ai essaimé ici :
      - L’avenir c’est la forêt ; http://www.p-plum.fr/?L-avenir-c-est-la-foret
      - La "convergence" de Lézan qui bafoue la démocratie et enfouit la diversité ; http://www.p-plum.fr/?La-convergence-de-Lezan-qui-bafoue
      Je n’ai pas eu le temps de faire une synthèse.

      Pour terminer, un mot sur moi :

      - je me reconnais dans la définition que fait Bookchin d’un anarchiste intuitif et rationnel alors que jamais personne dans ma famille et mon entourage ne m’ont parlé d’anarchie, c’est purement intuitif. Je suis pour le vote mais je ne vote plus dans ce système aujourd’hui car cela ne sert strictement à rien du point de vue de la direction à donner à notre société. Je manifeste le jour de l’élection pour dire que cela ne sert à rien.

      - il n’est pas facile de critiquer les mouvements auxquels on est naturellement proche. On passe pour un "diviseur". Cependant, on y arrive. Et au-delà des apparences, les effets soit disant dévastateurs et décribilisant de ce qui a l’air de "règlements de comptes" sont en réalité très bénins : l’essentiel est de ne pas se mentir et mentir aux autres en retour.

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