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Gaz de schiste - Quelles stratégies pour gagner, quels pièges à éviter ?

dimanche 6 février 2011, par Puissance Plume

Face aux projets des haut-fonctionnaires de l’école des mines pour exploiter les gaz de schiste en France, comment déjouer les pièges tendus, et trouver une stratégie gagnante ?


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Les participationnistes

J’appelle "participationnistes" des gens qui vont accompagner le porteur de projet sur le volet environnemental. Ils ne remettent pas en cause le projet, la nature même du projet, ils proposent juste leur aide pour oeuvrer à la transparence et à l’étude d’impact. Ils espérent peut-être faire capoter les projets par des preuves techniques de la pollution, ce sera trop tard : ils ne nous aident pas car ils oeuvrent contre la possibilité que ce soit le peuple qui décide de son avenir avant toute étude d’impact.

On reconnaît facilement les participationnistes :

  • ils disent que la législation n’est pas adaptée pour exploiter les gaz de schiste : la préfecture est ravie, elle va les faire bosser en leur donnant des subventions sur l’adaptation de la législation et ensuite lanceront l’exploitation en utilisant le fait que des "écologistes" ont participé au processus.
  • ils disent qu’il faut une enquête publique : c’est typique. Au lieu de vouloir décider de notre avenir, ils veulent que nous soyons consultés - une enquête publique est une consultation du public - et veulent donc laisser le pouvoir de décision aux cabinets ministériels. C’est en totale contradiction avec l’idée même que le peuple soit souverain, en contradiction avec l’essence de la démocratie.
  • ils admettent que la croissance est inévitable [1], ils supposent que nous serons bien obligés de recourir à des gaz locaux, même non conventionnels, pour éviter d’acroître la dépence aux importations. En raisonnant ainsi, ils omettent les alternatives, celles qui partent du principe que le peuple peut choisir de se responsabiliser et de prendre en compte la décroissance et l’utilisation des ressources locales pour son avenir.
  • ils souhaitent entrer dans les détails techniques, ils se sentent le rôle de jouer l’interface entre "le grand public" et les "autorités" pour faire "comprendre au grand public". En se désolidarisant ainsi du grand public, ils jouent un rôle de collaborateur des faiseurs de projet. Sans compter que leur attitude est typiquement participationniste, le risque supplémentaire de cette attitude est de perdre les citoyens dans la technique. Pour le nucléaire, c’est la tactique employée : dès lors que vous vous êtes embringué à discuter de choses très techniques, la plupart des gens décrochent de leur mobilisation : ils n’y comprennent rien et le débat finit en débat d’experts ! Ils ont gagné si on en arrive là ! Il n’y a pas besoin de rentrer dans les détails techniques pour voir que la fracturation hydraulique est une grande saloperie industrielle de multinationales qui traitent le peuple français comme un élevage de porcs à exploiter.

Il est certain que les cabinets ministériels ont besoin d’une représentation citoyenne pour faire passer leurs saloperies de projet. Un de leurs objectifs est de faire participer les ONG à leur processus, processus qui doit aboutir irrémédiablement à une décision d’exploitation, accompagné d’un volet environnemental dans lequel des ONG auront trempé. Ce n’est pas le seul moyen, s’ils n’arrivent pas à faire participer des ONG, ils s’efforceront de s’en passer. Mais s’il y arrive, ca leur sera plus facile, ca leur évitera d’imposer leurs projets par les moyens armés de la Préfecture.


Les clivages entre partis politiques

Les cabinets ministériels disposent d’un atout particulièrement fort dans la Vè République Française de 2011 : le clivage entre partis politiques. Il peut permettre d’éviter la constitution d’un bloc citoyen soudé contre les projets d’exploration des gaz de schiste en faisant en sorte que la mobilisation soit assimilée à une logique partisane d’un ou plusieurs partis.

Exemple ci-dessous :

A l’attention des élus, maires et délégués du Syndicat Beaume Drobie.

Je vous informe que je ne participerais pas à la réunion publique sur le gaz de schiste prévue le samedi 5 fevrier à Joyeuse où je devais ntervenir en qualité de président du syndicat Beaume Drobie.

J’avais pourtant donné mon accord en début de semaine, pour articiper à cette réunion d’information dont j’avais souhaité l’organisation dès le 4 janvier dernier.

Dans mon esprit cette réunion avait pour but d’informer les citoyens sur la thématique gaz de schsite et de donner la parole à l’ensemble des élus du territoire ainsi qu’à tous les candidats aux prochaines élections cantonnales.

Dans cet esprit j’ai souhaité que le Syndicat beaume drobie participe aux travaux du collectif "stop au gaz de schiste" qui s’est constitué, et c’est bien sous cette bannière "stop au collectif gaz de schiste" que je souhaitais intervenir lors de réunions publiques et notamment celle de Joyeuse.

Aujourd’hui constatant que ce n’est point le collectif dont le SRBD fait partie, mais un parti politique qui organise cette réunion publique, je me vois contraint de me déssolidariser de cette organisation au motif que je n’ai pas reçu mandat de mon comité syndical ou de mes élus pour participer à des réunions qui pourraient s’apparenter à des meetings politique à la veille d’élection importante pour notre territoire.

Le Syndicat que je représente doit aussi avoir le respect de la pluralité démocratique de l’ensemble de ses élus de tout bord et il ne doit en aucun cas rentrer dans l’arène politique.

Il doit être au dessus des clivages politiques et observer une stricte neutralité s’il veut rester crédible et indépendant dans ses choix pour une politique de l’eau au service de tous.

C’est donc avec regret que je vous informe que même si j’ai mes propres convictions politiques elles ne peuvent au travers de mon mandat de président du syndicat beaume drobie être au service de tel ou tel parti politique. Cette règle de neutralité je l’ai observée depuis trois ans et je n’en changerai pas d’ici la fin de mon mandat.

Ceci ne remettant pas en cause mon inquiétude profonde sur les projets autour des gaz de schiste.

Cordialement
_ Luc Perrier
_ Président du syndicat beaume drobie.

Début 1943, en mars je crois, il y a eu en île de France une réunion entre tous les syndicats qui ont décidé de transcender leurs logiques partisanes pour ne plus faire qu’une seule organisation face à l’occupant. Avant cette réunion, il y a avait en tout et pour tout quelques 200 FTPF (Francs Tireurs Partisans Français) qui tiraient des uniformes verts et sabotaient des trains. Après cette réunion, ca a été un afflux considérable, et chaque mois qui a suivi, les allemands pouvaient de moins en moins circuler tranquille dans Paris si bien qu’ils ont fini par ne plus se déplacer qu’en formation tortue, main sur la gâchette, complètement apeurés par la répétition des actions des FTPF.

Aujourd’hui, c’est l’inverse qui se passe : les logiques partisanes sont
l’instrument du pouvoir : la division. Les gens qui sont dans les partis sont
vassalisés à l’idée de jouer plus tard un rôle dans nos institutions, avec
argent à l’appui, et n’agissent qu’en fonction de cette logique "dans
l’intérêt du parti".

Regardez ces médias : "suite à la mobilisation des écologistes et des élus". Ben non ! Ce sont bien des populations, des français qui se mobilisent et pas des "écologistes et des élus" !

La France est indivisible par les partis politiques.
Le territoire français est indivisible par les partis politiques.
La langue française est indivisible par les partis politiques.
Le peuple français est indivisible par les partis politiques.


La société des experts

Je n’aime pas le pain qui est vendu. Je sais faire un autre pain, je souhaite pouvoir le faire.

Alors il y a un consortium international créé par les industriels du pain qui est chargé de répondre à la question "comprendre le pain" et ils nous disent qu’ils sont des experts et que le pain des industriels qui est vendu serait plutôt bon, à condition de prendre des précautions. Tout ceci, sans jamais engager leur responsabilité personnelle.

Les citoyens se focalisent sur cette "expertise" qu’ils ne comprennent pas parce que les médias se focalisent dessus. Ainsi, je reste avec ma requête de pouvoir avoir un autre pain. Je subis le pain que je n’aime pas, et les citoyens, et les experts aussi.

C’est la "société des experts", une dictature par le haut, par l’argent. C’est exactement tout ce qu’on vomit aujourd’hui. Ca s’est produit dans tous les domaines : nucléaire, antennes relais, médicaments.

Or, ce n’est pas le problème. Ce n’est pas un problème technique, enfin pas seulement. C’est surtout un problème humain, totalement subjectif.

Comme nous ferons face un jour à une pénurie totale d’hydrocarbures, autant s’atteler maintenant à développer une société meilleure, avec une nouvelle organisation sociale et énergétique, avec les énergies locales, en évitant ces techniques extrêmement dangeureuses pour la vie. On sait faire, on peut faire. Il suffit de toujours se rappeler que :

La liberté, ca ne se donne pas. Ca se prend. Et ceci n’a rien de technique, même si concrètement, il faudra mettre minutieusement au point ces nouvelles techniques.

A propos de la société des experts, voir le site web du docteur Marc Girard.


Le rôle des médias

Notre devoir de citoyen doit être plus fort que leur logique de parti. Mais ceci dépend des médias.

José Bové est parti chez EE, libre à lui. Nous n’oublierons pas de le
remercier pour l’alerte aux OGM à laquelle il a participée. Manque de bol
effectivement maintenant, à chaque fois qu’il apparaît, c’est utilisé par les
médias :

  • les médias sont l’instrument du pouvoir, ils sont tous contrôlés par les grands financiers,
  • les médias ressassent le clivage politique jusqu’à l’overdose : toute action de militants relayée par les médias doit appartenir à une formation politique, de manière à ce que les gens ne puissent JAMAIS s’idientifier à l’action : ils doivent penser qu’il s’agit d’une logique partisane électoraliste (parti politique) ou bien d’une logique financière (ONG type Greenpeace).

Conclusion provisoire : si nous voulons gagner

Il est évident que si nous voulons gagner,

  • affichons l’indépendance totale de chaque mobilisation citoyenne vis à vis de tout parti politique, afin de mobiliser des citoyens et rien que des citoyens en masse, qui feront bloc, ce qui n’empêchera pas certains citoyens d’appartenir à des partis politiques, de le revendiquer, de faire comprendre que tous les hommes politiques n’ont pas les mêmes conceptions,
  • identifions les démarches participationnistes puis isolons-les des groupes mobilisés,
  • n’ademettons jamais que les experts ont la clef de la décision : c’est totalement faux et abject,
  • ne rentrons pas dans les détails techniques avec le grand public : dès qu’un "représentant de mobilisation" souhaite évoquer les détails techniques qu’il a obtenu auprès de la Préfecture, de la DREAL, du Ministère, il faut l’écouter brièvement puis recentrer le débat sur la volonté de décider à la place d’être consultés,
  • n’admettons jamais que la croissance de la consommation est inévitable, que les importations devront obligatoirement être remplacées par des gaz non conventionnels locaux : c’est au peuple de décider de cela ou ce sera le noir. Ne reculons JAMAIS sur ce point, pas d’un pas, ni d’un ongle enfoncé dans la terre sacrée.
  • ne faisons JAMAIS confiance aux grands médias : notre information doit être relayée localement par tous les moyens sauf par les grands médias qui sont à la solde des grands financiers et qui déforment toujours l’esprit citoyen en esprit partisan ou financier.

Historique des modifications

- 26 février 2011 : ajout du refus de la société des experts.

Notes

[1Exemple avec les scientifiques du laboratoire Géoscience de Montpellier dans leur communiqué du 29 janvier 2011. Précisons que ces gens sont critiqués ici pour ce qu’ils écrivent et non pas parce qu’ils sont scientifiques.

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