Acheter un billet de train reviendrait à subir un contrôle d’identité ?

Une scène aujourd’hui 22 mai 2015 au guichet d’une gare SNCF quelconque et banale...

La guichetière a les cheveux tirés aux quatre épingles, une queue de cheval, de grandes lunettes, de grands yeux noisette, un teint rosé ; j’arrête là. Je demande un horaire et me décide sur un trajet et un tarif.
 "C’est à quel nom ?"
 "euh", je donne mon nom, naïf,
 "Quelle est votre date de naissance ?"
 "Euuuuuhhh", là j’ai un doute. Je demande : "pourquoi ?"
 "Parce que c’est un billet électronique. Comme cela si vous le perdez, on peut vous retrouver facilement et plus besoin de composter".
 "Ah bon ? Je peux pas avoir un billet normal ? Imprimé ?"
 "Aaaaah mais ne vous inquiétez pas Monsieur ! Vous aurez votre billet imprimé. C’est juste qu’il me faut votre nom et votre date de naissance pour que le contrôleur puisse savoir si ce billet est à vous".
 "Alors ça veut dire qu’on ne peut pas le donner à quelqu’un pour qu’il s’en serve, c’est nominatif ?"
 "Parfaitement !"
 "Mais je ne comprend pas pourquoi ce serait obligatoire ?"
Et là elle commence à hausser la voix, se mettre en transe.
 "Mais enfin, quel est le problème ?"
 "Et bien, si on veut voyager simplement et anonymement ?"
 "Si vous avez un accident, vous ne voulez pas qu’on vous retrouve ?"
Interloqué.
 "J’ai bien ma carte d’identité sur moi, aucun problème à cela ! Mais cela n’a rien à voir ! Pourquoi écrire son nom sur le billet ?"
Elle hausse encore plus la voix.
 "Ma c’est la politique de la SNCF, maintenant, tous les billets vendus doivent être électroniques. C’est comme ça. Et si je ne vend pas un billet électronique, c’est moi qui vais me faire taper sur les doigts".
 "Mais pourquoi diable vouloir savoir mon identité ?"
 "Mais quand un gendarme vous demande votre identité,..."
Là, c’est moi qui la coupe et qui hausse la voix !
 "Mais il y a des lois madame dans ce pays, un gendarme peut faire un contrôle d’identité s’il justifie qu’il y a des éléments tangibles pour soupçonner quelqu’un !"
 "Les agents de la SCNF sont assermentés"
 "Mais là, maintenant, je suis soupçonné d’avoir fait quelque chose ?"
Énervée...
 "Bon d’accord, je vous fait un billet imprimé, mais c’est moi qui vais écoper. Je ne comprend pas pourquoi vous refusez ces choses".
 "C’est l’histoire de la grenouille dans la cocotte minute. C’est pas normal qu’on soit obligé de prendre un billet électronique."
 "Oulala Monsieur, s’il n’en tenait qu’à moi, toutes les choses qui ne sont pas normales à la SNCF..."

Elle me fait le billet, je paye en liquide. Mais à coup sûr, l’ambiance pétainsite, de délation, de fichage, de contrôle, de méfiance est lourde... Pauvres guichetiers, ce sont des situations délicates ! Ami-e-s, parmi les choses à refuser, en voici une nouvelle : les billets électroniques !