Lettre au conseil municipal sur les haies et les espaces verts

Voici une lettre au conseil municipal de Montclar-Lauragais, présentant ma sensibilité en matière de haies et d’espaces verts publics.

Montclar-Lauragais, le 6 janvier 2015

OBJET : haies

Mesdames Messieurs les conseillers municipaux,

J’habite place de l’église, espace qui est mon paysage quotidien. Aussi je tiens à exprimer quelques points de vue, à l’heure où vous vous apprêtez à le modifier à votre guise avec un projet de plantations de haies. J’ai noté que les emplacements sont déjà matérialisés : en bordures de la place.

J’ai déjà exprimé auprès des élus municipaux ma préférence en matière d’espaces verts : je préfère observer des plantes telles qu’elles poussent naturellement plutôt que subir les formes pré-établies des massifs modelées par les machines et les ordinateurs. J’ai bien compris que la plupart des conseillers municipaux au contraire, souhaitent voir les plantes taillées uniformément ras, toutes à l’identique.

L’été dernier, j’ai stoppé le geste du sous-traitant de la Mairie qui voulait tout raser - comme d’habitude - de la belle prairie fleurie qui se formait à ma porte et qui procurait nourriture à une bande d’oiseaux. Levée de boucliers : de quel droit je me permettais ? Je retourne la question : de quel droit vous permettez-vous d’imposer votre sensibilité ?

S’en est suivi un processus de « consultation » auquel j’ai participé et pendant lequel j’ai une nouvelle fois donné mes préférences. Aucune n’a été retenue. Tout simplement parce que les personnes qui décident ont d’autres préférences que les miennes. Ainsi le processus aboutit à la domination totale d’une majorité-silencieuse-qui-laisse-faire sur une minorité de résistants au progrès des machines.

Du processus de consultation, j’ai appris qu’une de mes remarques avait été déformée. Il a été présenté au conseil municipal une proposition de planter des arbres en plastique, ce qui a été unanimement refusé. Mais quand j’avais formulé cette proposition, c’était du second degré !!! J’avais d’abord exprimé mon dégoût d’avoir vu, lors de la « journée participative » 2014, taillé en boule l’olivier du parking de l’école, à la demande unilatérale de J.-C. Saffon.

Je ne sais pas si vous savez ce que c’est que le port d’un arbre ? Disons pour faire court, c’est son allure générale. Chaque essence d’arbre possède un port bien particulier. Eh bien moi j’aime voir le port des arbres, c’est un critère de reconnaissance d’ailleurs. Aussi, je déteste qu’on vienne les tailler en cube comme on peut le voir à Toulouse et à Albi, ou en sphère comme à Montclar-Lauragais donc, ou en demi-sphère ou en une autre variante artificielle.

J’ai donc proposé qu’on achète aux adorateurs de la domination de la Nature des arbres en plastique, avec des formes cubiques, rondes, semi-circulaires, etc. Comme cela, ils seraient visuellement contentés sans nul besoin de dépenser de l’argent pour tailler. Et j’ai proposé qu’on laisse les êtres vivants végétaux se déployer dans l’espace comme ils ont l’habitude de le faire depuis des centaines de millions d’années pour certaines espèces. En aucun cas, la première proposition n’est à prendre au premier degré : je ne fais pas la promotion des arbres en plastiques !!! On voit là immédiatement les limites de la consultation et de la représentation : personne ne peut dire à ma place ce que j’ai à dire.

Enfin bref, je vois venir le coup, à planter les haies en bordure de route place de l’église, nous allons nous retrouver avec, non pas des haies, mais des parallélépipèdes et des cubes verts. Bien entendu, si les âmes les plus sensibles s’en émeuvent, alors les adorateurs de la technologie opteront pour des formes plus complexes, arrondies, trapézoïdales, feront tout pour éviter de laisser la nature faire son œuvre de recherche de lumière et d’harmonie.

Ainsi, je suggère humblement de planter à la place du béton qui ne sert à rien, ou alors un peu plus loin dans le carré d’herbe, pas au bord, de manière à envisager des tailles moins sévères pour celles qui sont nécessaires au passage des voitures. Je me tiens à votre disposition pour en parler, et pour y œuvrer.

Je vous prie d’agréer mes salutations distinguées.

Automne 2014 à Toulouse. Arbres taillés en cube par la civilisation anti­nature