L’hélicoptère à la chaîne humaine du 11 mai 2013 à NDDL : NON NON et NON !

A vous qui en avez marre de voir des images de violences à Notre-Dame-Des-Landes et qui souhaitez vivre un moment de paix sur la ZAD en vous donnant la main, je voudrais dire que je partage cette idée. Mais sans hélicoptère payé par les militants pour les médias de masse, ça serait mieux ! Je vous explique pourquoi pour moi cet histoire d’hélicoptère, c’est pas bon du tout.

sommaire

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L’hélicoptère décidé en AG de chaîne humaine

Le principe de chaîne humaine a été proposé en commission action lors de la rencontre inter-comités des 15-16 décembre 2012. Ensuite, on a un mail de Christophe Mounier du 12 janvier 2013 :

[Comites NDL] GRANDE CHAÎNE HUMAINE
From : NDDL
To : comites.ndl@ml.free.fr
Date : 2013-01-12 02:32

Vous êtes sans doute déjà au courant /

GRANDE CHAÎNE HUMAINE POUR FAIRE LE TOUR DE LA ZAD - 25 Kms de tour-

SAMEDI 11 MAI 2013

Parlez-en déjà partout autour de vous / POUR MOBILISER et QUE CHACUN RESERVE CETTE DATE

Ce sera un grand moment dans la lutte CONTRE ce projet d’aéroport.

Une partie festive importante est également prévue (concerts...) -Plus d’info sur cet aspect à suivre-

Nous devons être des milliers de personnes .

Ce long week-end laisse (devrait laisser) le temps aux personnes venant de la France entière de se mobiliser .

Christophe

Référent de la Commission groupe de contact avec les Comités/Collectifs de France.

Etonnant quand même cette personne qui signe "NDDL" à lui tout seul. Pourquoi diable est-ce qu’il leur faut des titres ronflants ?

La date a été entérinée par la coordination des opposants. Donc c’est parti pour une chaîne humaine, il faut l’organiser. Rapidement, se mettent en place des AG de chaîne humaine, c’est-à-dire des AG pour organiser la chaîne humaine. Pas de problème.

Le 10 mars, on apprend par la lettre de l’ACIPA que :

un hélicoptère survolera la la chaîne humaine pour une retranscription nationale et internationale de notre geste politique fort, soutenu également par deux soirées de concerts avec des artistes engagés...Les moyens sont là, il reste à les financer !

Ce qui est fait aujourd’hui, c’est qu’un hélicoptère a été loué par la coordination pour embarquer les journalistes et photographes. Le budget total s’élève à 70000 euros.

On retrouve Christophe Mounier le 30 mars qui signe toujours ses mails par "NDDL" :

Pourquoi le survol de la chaine par un hélicoptère s’est-il imposé ? (voté à une très large majorité en inter-commissions et en AG)

Une fois la logique d’un événement de lobbying médiatique façon Greenpeace entérinée, les AG organisatrices qui suivent concluent logiquement qu’il faut mettre les plus gros moyens. Cela n’a malhereusement rien de démocratique : tous les gens qui vont dans ces AG sont convaincus ou ne savent pas s’opposer à l’idée qu’il faut avoir la "une" de tous les journaux avec des photos sensationnelles pour faire capoter le projet d’aéroport. Il n’y aucune opposition à cette idée démesurée d’hélicoptère, aucun processus qui permette de faire appel à la sagesse de la multitude et de la diversité. Cela n’a donc rien de démocratique, c’est la continuité du pouvoir oligarchique qu’on connaît bien.

Le choix de l’hélicoptère reste le plus adéquat pour assurer notre objectif qui est d’obtenir la meilleure couverture médiatique de l’événement afin d’exercer la plus forte pression sur les politiques.

La plus "forte pression sur les politiques" n’est pas celle qui est exercée par les médias, mais celle exercée par les gens qui pensent librement et qui veulent librement.

En toute première raison, l’hélicoptère nous met à l’abri de conditions météorologiques difficiles qui rendraient impossibles l’utilisation d’ULM, drones, montgolfières et autres dispositifs légers. Nous avons pour exemple historique, la chaîne humaine au Carnet de juin 1997 avec un vent de 80 km/h. Le petit avion affrété avait dû, pour raison de sécurité, voler à 3000 m d’altitude, le photographe de presse n’avait pu produire aucune image intéressante. Autant dire que la déception était grande, plus de 20 000 personnes sur 25 km de chaîne mais pas une image dans la presse permettant de mesurer l’ampleur globale de l’évènement.

Sauf que le projet de centrale nucléaire au Carnet en 1997 a été abandonné : quelle déception ! C’est la preuve écrasante que les 30000 personnes qui ont fait la chaîne humaine du 1er juin 1997 n’avaient pas besoin d’images dans les médias de masse des vendeurs d’armes pour dire aux élus locaux et nationaux qu’ils n’allaient pas laisser la centrale se construire.

Les prévisions météo (sûres ou quasiment sûres 3 à 4 jours avant) ne permettent pas d’envisager une solution de secours. Nous devons donc prendre prématurément les décisions qui garantissent la couverture médiatique dans les conditions les plus défavorables.

Autrement dit : s’il pleut, s’il vente, s’il fait tempête, on aura des images quand même. C’est pas un événement de paix, c’est la jouissance technologique fabriquée par l’innovation militaire, pour les médias de masse détenus par les vendeurs d’armes.

L’hélicoptère, c’est aussi le choix qui incite le maximum de journalistes à se déplacer vu qu’ils peuvent en toute sécurité et dans les meilleures conditions techniques faire leurs propres images (chaîne humaine sur fond de bocage, mouvement de foules, routes bloquées, parkings, site concerts de soutien etc).

Autrement dit, ce sont les militants, les donateurs qui payent les images aux médias de masse qui appartiennet aux vendeurs d’armes. Les militants travaillent et paient pour que le système continuent et perdure.

Chaque survol de la zone, permet d’embarquer 2 caméramans, un photographe et un porte parole de la lutte.

Autement dit, l’information n’est pas sur la route, dans les gens qui se tiennent la main en bas. L’information est dans l’hélicoptère en haut. C’est cela, la démocratie.

Dans le souci, d’une retransmission de l’information, la plus pertinente, la commission médias/communication prévoit près du point d’envol de l’hélicoptère, un point presse. Sous ce barnum seront présents les « historiques » de la lutte (rencontres et échanges avec divers opposants à l’aéroport, dossier de presse, photos et documents à disposition).

Bref, tapis rouge pour les journalistes ! Eux qui n’étaient pas les bienvenus sur la ZAD... C’est la revanche ! Point presse, petits fours et hélico.

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La reproduction du laxisme institutionnel sur les projets ruineux

On a ici un exemple type de reproduction du système de décision de projet. Les élus, ceux qui s’auto-proclament représentant, ou les fonctionnaires engagent des projets pour la communauté sur la base d’études enthousiasmantes sur les conséquences financières. Mais ces gens ne s’engagent pas en leur nom propre : ils engagent la collectivité. Lorsqu’il s’avère que les projets sont finalement ruineux, non seulement ils ne sont pas inquiétés financièrement, mais souvent ils sont mutés et ont des promotions.

Ici, chacun comprendra que les fanatiques de la comm’ ont mis le grappin sur l’ACIPA qui joue le rôle de fusible financier. Dans le compte-rendu du 12 avril, ont peut voir :

 Pour boucler le budget, le besoin est d’environ 40 000 € en dons et engagements..
 Le résultat (en + ou en -) sera pris en charge par l’ACIPA.
 L’ACIPA a fait une avance de trésorerie qui a permis d’engager les frais pour les teeshirts, les badges…

Christophe Mounier a défendu bec et ongles l’option de l’hélicoptère, mais s’il y a un trou dans le budget, ce sera l’ACIPA qui paye, pas lui, ni ses collègues pro-hélicoptère. Ce "référent-chef" de la chaîne humaine - Christophe Mounier signe ses mail comme référent du groupe "réaction en chaîne" pour la chaîne humaine - m’accuse sans vergogne de semer le douter et me rejette déjà la faute sur moi. Par téléphone, il a tenté de me faire culpabiliser : "un gros budget était engagé", "ce n’est pas le moment de semer le doute"... Autant dire que ça ne marche pas : la culpabilité judéo-chrétienne, c’est pas mon truc ! La preuve, cet article.

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Les conséquences prévisibles d’une perte financière

Comme je l’ai déjà raconté [1], c’est "Réseau Sortir du Nucléaire" qui est le champion des chaînes humaines médiatiques qui n’ont qu’une seule origine : les besoins financiers propres à l’association. Pour avoir été à l’intérieur de la structure de décision, pour avoir vécu ces moments où on se demande "quoi faire ?", je sais que chaque année pour boucler le budget, il faut organiser un événement médiatique et que sa réussite financière dépend de l’ampleur de la mobilisation. Accessoirement, les chaînes humaines 2012 à Avignon et 2013 à Paris n’ont strictement aucunes conséquences politiques mais de toutes façons, elles ne sont pas conçues pour en avoir.

De même, si l’ACIPA subit une grosse perte financière avec l’histoire de l’hélicoptère, il est inévitable qu’elle changera de logique : au lieu d’agir contre l’aéroport, elle se mettra à agir pour récolter de l’argent, comme le RSDN. Or pour ramasser des dividendes aujourd’hui, il faut passer par les médias de masse. Comme c’est la spécialité de Christophe Mounier, il se fera une joie d’aider l’ACIPA.

Pour la lutte contre l’aéroport, il est à craindre malheureusement qu’elle passe au second plan.

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Les conséquences prévisibles d’un gain financier

Si au contraire, contre toute attente, la chaîne humaine héliportée arrive à collecter suffisamment d’argent [2], alors on va dire que la réussite a été énorme. Mais c’est la réussite de quoi ?

Avant toute chose, les images vues du ciel seront la réussite de la jouissance technologique. Vaincre la nature, la dominer, faire des images des événements par tout temps, c’est le symbôle de cette réussite.

Puis ensuite, la réussite sera celle des images, des couvertures médiatiques, des twitt de journalistes, des rentrées financières des journaux qui ont "misé" sur la chaîne humaine. Peut-être même que Gala y trouvera son compte si Nicolas Hulot vient avec son propre tranche-oiseaux. Dans la déferlante, quelqu’un arrivera bien à convaincre Pierre Rabhi pour presser un peu plus du jus de gueule médiatique.

Ensuite, ce sera la réussite des organisateurs qui ont réussi à boucler le budget malgré les opposants aux hélicoptères et les pisse-vinaigre déversant leur bile sur internet.

En dernier lieu, ce sera la réussite des gens qui seront venus vivre un peu de paix sur la ZAD. Ils en avaient bien besoin de voir des images de paix à Notre-Dame-Des-Landes, même s’ils sont manipulés par les puissances de l’argent même pour ces moments de reprise en main de la politique : ils le veulent bien. En fait, ce sera la défaite du peuple, la défaite écrasante des citoyens par les forces de l’argent et de la jouissance technologique, j’ai envie de dire : avec cette lucidité qui ne change rien :

« quand on a été élus, on a fait de notre mieux mais malheureusement tout s’est passé comme d’habitude »

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Un peu plus sur Christophe Mounier

Christophe Mounier :
 se proclame "référent de la commission "réaction en chaîne" pour la châine humaine" à la fin de ses mails,
 signe ses mails "NDDL",
 poste ses mails depuis une adresse qui s’appelle "groupevigilance-nddl (at) orange.fr".

Et malheureusement, il va nous dire que tout ceci est "démocratique" parce que "décidé en AG". Encore une fois, décidé en AG de chaîne humaine, qui a pour but d’organiser la chaîne humaine sans faire appel à la multitude et la diversité.

Quand il me justifie son empressement pour dérouler le tapis rouge aux médias de masse à l’entrée de la ZAD, il me dit :
 qu’il était à l’évacuation de la ferme de Bel Air le 16 octobre 2012,
 que le fait que les médias de masse étaient là avait signé le début de la mobilisation partout en France,
 que donc c’était important d’avoir les médias de masse "avec nous".

Renseignements pris, effectivement, Christophe Mounier était bel et bien à Bel Air la veille au soir et le lendemain lors de l’expulsion médiatisée. Cependant, il n’a rien organisé : il est juste là. Il était aussi à la chaîne humaine du RSDN en mars denier. En fait, il est partout là où il y a possibilité de dérouler le tapis rouge aux médias en faisant donner des donateurs pour des actions "conviviales, pacifiques et militantes".

Pour revenir à son argument, c’est un argument de politicien classique que de caricaturer pour qu’on soit obligé d’être d’accord avec lui. Je suis évidemment d’accord que c’était important de faire venir les médias à l’expulsion de Bel Air. C’est stupide d’avoir à enfoncer les portes ouvertes. Le problème, c’est qu’il ne s’agit pas de cela, mais de la location d’un hélicoptère à la chaîne humaine : avantages et inconvénients. J’ai listé les inconvénients.

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A ceux qui vont me rétorquer que c’est pas le moment

Ce n’est jamais le moment. Voir la chanson des Fabulous Trobadours : "Demain Demain" dont le refrain est :

Demain, c’est la terre promise
Demain, c’est là le paradis
Demain, en demain s’éternise,
Demain fuit qui le poursuit.

Demain, c’est la terre promise,
Demain, c’est là le paradis
Demain, en demain s’éternise,
Demain décourage aujourd’hui.

Car il y aura un lendemain à la chaîne humaine, probablement avec la gueule de bois.

EN POLITIQUE, L’ANESTHESIE EST UNE ARME REDOUTABLE.

Madame Dominique Voynet, anesthésiste de profession, a pratiqué cet art au plus haut niveau en participant à un gouvernement en 1997 en tant que Ministre "Verts" :
 elle a annoncé qu’elle avait réussi à faire fermer Superphénix alors qu’il avait été fermé par un décret du Conseil D’Etat fin 1996
 elle a signé pour le centre d’enfouissement profond de déchets nucléaires
 elle a signé pour l’usine de fabrication de MOX qui relançait la fililère nucléaire du plutonium.

Moi je vous dis qu’il faut se méfier comme de la peste la possible récupération de l’abandon de NDDL par les gauchistes du bureau national d’EELV. Ce serait le signe d’une tentative d’anesthésie générale sur la population française.

Le carriériste Philippe Brousse, directeur de "Réseau Sortir du Nucléaire" est lui aussi un fanatique des structures à la Greenpeace, il a créé la structure en 1997 et l’a conduit vers un puits sans fonds qui n’a aucune autre cons"quence que de vider de son sens la lutte antinucléaire en la transformant en actions conviviales de spectacles médiatisés.

Moi je vois ce Christophe Mounier qui arrive comme une fleur sur la mobilisation contre l’aéroport de NDDL, fait figure de proue, se place aux avant-postes pour imposer sa volonté de médiatisation démesurée "dans le consensus et la démocratie". Je ne peux pas m’empêcher de faire des rapprochements avec d’autres événements survenus auparavant dans l’histoire.

Je pense qu’il faut rationnellement s’opposer - je sais c’est fatigant - à cette surmédiatisation et ces réflexes de changement dans la continuité.

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Conlusions

Alors autant dire, sur ce dossier de l’hélicoptère, moi je dis NON NON et NON !

Oui à la chaîne humaine, NON à l’hélicoptère payé par les militants pour les journalistes des médias de masse !

La chaîne humaine au Carnet en 1997 : l’avion n’a pas pu faire de bonne photos, le projet de centrale nucléaire a été enterré. Il n’y a pas besoin d’hélicoptère pour vaincre Vin$$i, d’ailleurs les opposants historiques, les COPAINs et le collectif d’occupation l’ont bien montré : à l’heure qu’il est, la forêt de Rohanne devrait être rasée, et les engins de terrassement à l’oeuvre. Tout cela sans hélicoptère et sans que les médias de masse interviennent par les airs.

Les risques sont grands :
 une perte financière plongerait l’ACIPA dans une logique infernale de faire des actions pour récolter de l’argent, au lieu de continuer ses actions contre l’aéroport,
 un équilibre financier ne peut être acquis que par compromission avec les médias de masse et les organisations liées au puvoir. Certes, on peut s’y frotter sans perdre son identité, mais pas tous : le résultat des images est toujours la manipulation du peuple, la fuite en avant de la jouissance technologique.