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Affaire Merah et DRCI : la manipulation

lundi 2 avril 2012, par Puissance Plume

L’assassinat mis en scène du tueur présumé de Toulouse et Montauban sert les affaires populistes du candidat Sarkozy en campagne électorale pour la présidence. Merah était connu, archi-connu de tous les services, Police, Justice, Armée. Il avait même un contact à la DRCI. Et puis maintenant qu’il est mort, c’est dommage, il ne pourra plus évoquer ces contacts avec les services de renseignement. Mais nous espérons que la vérité éclatera quand même, car on ne place pas innocemment un raté de banlieue qui aime les bagnoles, les filles et les boîtes de nuit à un tel sommet médiatique en pleine campagne électorale.

sommaire


1er avril 2012 : Affaire Merah : l’avocate du père dit avoir des vidéos prouvant "la liquidation" du tueur par le RAID

Source : Le Monde


Me Zahia Mokhtari, l’avocate mandatée par le père de Mohamed Merah pour porter plainte contre le RAID, a affirmé dimanche 1er avril à Alger, détenir des preuves de "la liquidation" du tueur de Toulouse par les autorités françaises. Elle a évoqué "deux vidéos identiques de 20 minutes chacune dans lesquelles Mohamed Merah dit aux policiers ’pourquoi vous me tuez’ ou ’je suis innocent’".

Me Mokhtari, qui dit avoir reçu les vidéos de la part de "personnes au coeur de l’événement, qui voulaient que la vérité éclate", a précisé qu’elle en réservait la "divulgation" à la justice française et insisté sur leur authenticité. Dès le lendemain de la mort de Mohamed Merah, le RAID avait au contraire affirmé avoir "donné sa chance jusqu’au bout" au tueur réfugié dans son appartement.

"MANIPULÉ ET UTILISÉ"

Selon l’avocate, "Merah a été manipulé et utilisé par les services français et a ensuite été liquidé pour que la vérité ne voie pas le jour". Elle n’a pas souhaité donner plus de détails sur cette dernière affirmation. Le fait que Merah ait travaillé avec les autorités françaises a été fermement démenti par Bernard Squarcini patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).

Lors de cette conférence de presse, l’avocate a indiqué qu’elle remettrait à la justice française "une première liste de trois noms, ceux d’un responsable des services français et de deux autres personnes de nationalités différentes qui ’travaillaient’ avec Mohamed Merah pour qu’elles soient entendues dans cette affaire".

Le ministère de l’intérieur n’a pas souhaité commenter ces informations. La demande d’audition des chefs du renseignement français, notamment M. Squarcini, par la commission pour le contrôle de l’application des lois du Sénat a été refusé par le gouvernement au cours de la semaine.


27 mars 2012 - Courrier International - Merah était-il un informateur des services de renseignements ?

Source : Courrier International


L’affaire Mohammed Merah, ce jeune Français d’origine algérienne qui a revendiqué le massacre de sept personnes à Toulouse et à Montauban au nom d’Al-Qaida, déclenche une guerre entre différents services secrets. D’après des sources des renseignements qui se sont confiées à Il Foglio, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), l’agence française chargée de l’espionnage et de l’antiterrorisme en dehors des frontières nationales, aurait garanti à Merah – en sa qualité d’informateur – un accès en Israël en septembre 2010 par un point de contrôle à la frontière jordanienne. Le Français y serait resté trois jours en "touriste" avant de retourner en Jordanie puis de prendre la direction de l’Afghanistan. Son entrée en Israël, couverte par les services français, devait prouver la capacité du réseau djihadiste à passer facilement les frontières grâce à un passeport européen.

Ces informations n’ont pas été officiellement confirmées, mais un article paru lundi dans Ha’Aretz, citant des sources du service du renseignement israélien Shin Bet, semble toutefois apporter du crédit à cette thèse. L’article relaie les propos du gouvernement israélien qui confirme l’entrée sur son territoire de Merah, mais le Shin Bet soutient qu’il n’y a aucune trace de l’arrestation du Français à Jérusalem en possession d’un couteau, comme l’a affirmé Bernard Squarcini, chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans Le Monde.

Par ailleurs, des doutes subsistent sur la visite de Merah dans les Territoires occupés. Pour résumer : nous sommes en présence de deux versions contradictoires. On ignore si Merah a effectivement été arrêté et où il s’est précisément rendu, et le Shin Bet contredit son équivalent français. Même confusion du côté du renseignement militaire du Pakistan. La semaine dernière, lorsque les médias français ont écrit que Merah s’était rendu deux fois pour s’entraîner dans des centres au Waziristan [région montagneuse du nord-ouest du Pakistan], le gouvernement pakistanais a nié : "Nous n’avons aucune trace de son entrée dans le pays."

Mais, depuis dimanche [le 25 mars], les services secrets et les talibans pakistanais, dont les liens fondés sur des alliances et des faveurs échangées ont été établis, sont devenus étonnamment loquaces. Un porte-parole des talibans au Waziristan, Ahmed Marwat, a contacté les agences de presse Reuters et Associated Press pour déclarer qu’effectivement Merah s’était entraîné chez eux, contredisant ainsi le gouvernement français qui soutient officiellement que le Toulousain "ne s’est pas entraîné et n’a pas été en contact avec des groupes djihadistes". Marwat a cependant ajouté : "Nous ne savons rien des attaques en France. Cela n’a rien à voir avec nous."

Le même jour, deux responsables des services pakistanais ont contacté Ishtiaq Mahsud, correspondant de l’Associated Press à Dera Ismaïl Khan, une petite ville [à la frontière avec la province du Pendjab] du Waziristan, pour expliquer pourquoi la France tenait tellement à former et à infiltrer des informateurs du même profil que Merah : au moins 85 jeunes Français se sont entraînés – ou s’entraînent encore – dans le Nord-Waziristan depuis ces trois dernières années. Ce sont en majorité des Français d’origine arabe qui ont formé un groupe dénommé Djihad-e-Islami. Leur commandant français se fait appeler Abou Tarek et cinq d’entre eux sont rentrés en France en janvier 2011 pour chercher de nouvelles recrues. "Ce n’est pas sûr" que Merah se trouvait parmi les cinq apprentis terroristes en question, ajoutent les deux responsables – une confirmation à demi-mot de sa présence au Pakistan. Le tueur s’est rendu au moins deux fois au Pakistan et deux fois en Afghanistan.

Les sources d’Il Foglio préviennent que, là encore, il y avait une entente : il pouvait circuler librement en échange d’informations précieuses. Bernard Squarcini soutient que Mohamed Merah, lorsqu’il était assiégé dans son appartement [de Toulouse], aurait avoué avoir été entraîné "par une seule personne" et pas dans un centre d’entraînement, afin de "ne pas se faire remarquer au milieu des autres en parlant français".

Le lundi 26 mars, son frère Abdelkader a été mis en examen pour complicité d’assassinats et association de malfaiteurs. Il est soupçonné d’avoir fourni des armes à Mohamed et d’avoir financé ses voyages en Afghanistan. Cette procédure laisse également aux magistrats plus de temps pour mener l’enquête. Le gouvernement français avait, dans un premier temps, déclaré que le frère n’était pas impliqué.


27 mars 2012 - La Dépêche du Midi - Mohamed Merah avait des relations avec la DCRI, selon l’ex-patron de la DST

Source La Dépêche du Midi.

Yves Bonnet, ex-patron de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST)

Pour reprendre le mot d’Alain Juppé, y a-t-il eu des « failles » dans l’affaire Mohamed Merah ?

La Direction Centrale du Renseignement Intérieur (DCRI), c’est vrai, connaissait Mohamed Merah. Est-ce pour autant que la DCRI a failli en ne le mettant pas sous surveillance plus importante, plus serrée ? Je ne pense pas qu’il faille aller jusque-là parce que c’est toujours difficile de savoir ce que quelqu’un a l’intention de faire. Je le sais par expérience. De plus, il ne faut jamais oublier que la surveillance d’une personne nécessite des moyens considérables et qu’aujourd’hui, s’il y a une faille, c’est dans la modicité des moyens de nos services de sécurité. Indiscutablement, les moyens qui sont mis à la disposition de la DCRI ne sont pas suffisants pour couvrir la totalité des besoins. Je parle des moyens matériels, mais surtout, humains.

Pourtant, des éléments interpellent. Le 10 septembre 2010, le patron de la DCRI, Bernard Squarcini, expliquait au Journal du Dimanche qu’il plaçait en tête des menaces du terrorisme islamiste « le Français converti qui se radicalise et monte son opération seul » et les djihadiste français « qui partent en Afghanistan ». Comment expliquer que Merah repéré, la DCRI n’ait pas vu de risque après avoir eu un entretien avec lui, le 14 novembre 2011 ?

Ce qui, personnellement, me paraît poser question, c’est que le garçon avait manifestement des relations avec la DCRI comme on l’a appris à travers les déclarations de Bernard Squarcini lui-même. C’est-à-dire qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Alors appelez ça « correspondant », appelez ça « officier traitant »… je ne sais pas jusqu’où allaient ces relations, voire cette « collaboration » avec le service, mais on peut effectivement s’interroger sur ce point.

Pour mettre un mot sur les choses, était-il un indicateur de la DCRI ?

Eh bien voilà… c’est exactement ça le problème. Car ce qui interpelle, quand même, c’est qu’il était connu de la DCRI non pas spécialement parce qu’il était islamiste, mais parce qu’il avait un correspondant au Renseignement intérieur. Or avoir un correspondant ce n’est pas tout à fait innocent. Ce n’est pas anodin.

On a évoqué aussi un retard au début de l’enquête. Qu’en pensez-vous ?

Oui, il y a eu du temps perdu par les juges. On aurait dû dès le départ considérer que c’était un acte terroriste. Tuer des militaires gratuitement est un acte terroriste. Mais il faut reconnaître, et c’est malheureux, qu’on s’est moins intéressé aux assassinats de militaires qu’aux assassinats d’enfants. Ce qui est un autre débat. Mais oui, dès le départ, un juge antiterroriste aurait dû être saisi et c’est bien un problème judiciaire, car dès qu’il y a un crime commis, c’est la justice qui intervient.

A ce propos, c’est pourtant Claude Guéant qui a monopolisé les écrans. était-ce le rôle du ministre de l’Intérieur de commenter en direct l’action du Raid ?

Claude Guéant n’avait absolument pas à communiquer. C’est tout à fait clair. Le ministre de l’Intérieur n’a pas à intervenir dans une affaire qui est entre les mains des juges. Non seulement l’autorité administrative n’a pas à interférer sur l’enquête -je rappelle que M. Guéant, tout ministre qu’il soit, n’est pas officier de police judiciaire- mais il a encore moins à commenter le déroulement de l’enquête.

Que pensez-vous de la façon dont a été conduite l’intervention pour interpeller Mohamed Mehra ? Ce choix du siège et de l’assaut plutôt que celui, qui prime habituellement lors des interpellations d’etarras, par exemple : une arrestation discrète, dès que le suspect sort de chez lui ?

A priori, il y a eu un grand temps de latence. Le temps de latence devrait profiter aux professionnels, les plus nombreux, les mieux équipés, les mieux entraînés… Après, sur les données de l’intervention, je m’en remettrai à l’avis de Christian Prouteau, s’il y a un expert en France, c’est bien lui : il est étonné qu’on n’ait pas réussi à le prendre vivant. Il pense qu’on n’a pas utilisé les bons moyens, et qu’on s’est bêtement privé de l’expertise du GIGN, et il faut reconnaître que dans ce genre d’affaire, les plus professionnels, les plus qualifiés et les meilleurs, ce sont les gendarmes du GIGN. Après, pourquoi a-t-on voulu prendre le Raid..?

Pour des questions politiques ?

Certains le disent. Je n’irai pas jusque-là : je n’ai pas le dossier en mains. Mais quand on juge d’une intervention violente où les policiers risquent leur vie il faut être prudent et mesuré, faire en sorte que les policiers ne risquent pas leur vie et ça pour moi, c’est une donnée extrêmement importante. à présent je suis de ceux qui regrettent vraiment qu’il n’ait pas été pris vivant et beaucoup de questions restent posées. Sur une affaire comme celle-là, il faudrait une expertise.

Une commission parlementaire ?

Je verrais plutôt l’Inspection générale de la police nationale et l’inspection générale de la gendarmerie. Pour moi, c’est un problème de techniciens. Les parlementaires n’apporteraient rien au débat, si ce n’est que la commission d’enquête parlementaire a des pouvoirs juridiques.

Y a-t-il eu une légèreté de l’action policière au vu de tout cela ?

La légèreté, c’est peut-être beaucoup dire mais on peut avoir le sentiment que les considérations médiatiques l’ont emporté sur tout le reste. Et on peut se poser la question de l’efficacité du dispositif « Vigipirate rouge ». Je la pose de façon récurrente, car en l’occurrence, on aura remarqué sa parfaite nullité. Les écoles sont censées être protégées par Vigipirate rouge et le contre exemple est terrible. Vigipirate, c’est de l’affichage et ça ne sert à rien. Par contre, renforcer les moyens de la DCRI, et des services de police en amont, oui. Mais depuis un certain nombre d’années, on sacrifie, on rogne sur les crédits, on baisse sur la qualité des personnels. Quand j’étais député, on a supprimé un certain nombre de postes de commissaires pour les remplacer par des gardiens de la paix, excusez-moi, mais ce n’est pas le même niveau.

Ces événements ont cependant fait remonter la droite au créneau sur le thème du « laxisme » supposé de la gauche, sur ces questions de sécurité. Qu’en pensez-vous ?

Cette accusation ne vaut pas un clou. Vraiment pas un clou. J’ai été directeur de la DST sous des gouvernements de gauche, la suite a prouvé que je n’étais pas de gauche puisque je suis devenu député Udf, mais la gauche ne m’a jamais demandé ma carte et j’ai pu agir de manière totalement libre, sans contraintes et avec le soutien de mes ministres, singulièrement Gaston Deferre. Dire que la gauche est plus laxiste que la droite, c’est du grand n’importe quoi.

Les mesures annoncées par Nicolas Sarkozy ?

Je dis attention aux libertés, il ne faut pas tomber dan le travers de mesures liberticides. De plus, notre arsenal de lois est suffisant. Commençons par appliquer les lois.


Une semaine après la tragédie, les questions qui se posent encore

Quel a été le rôle des services de renseignements intérieurs ?

A l’automne 2011, Mohammed Merah revient d’Afghanistan. Le 22 novembre, il se rend à une convocation au commissariat. Il est interrogé par deux personnes. Un policier de la direction régionale du renseignement intérieur, la DRCI, et un spécialiste de la mouvance islamiste, envoyé spécial de la direction centrale à Paris. Mohammed Merah se remet alors d’une hépatite contractée au Pakistan, va leur expliquer qu’il s’était rendu là-bas pour faire du tourisme…

Les fonctionnaires seront bien obligés de le laisser repartir car faute d’infraction, aucune charge ne peut être retenue contre lui. Il Mais ils vont poursuivre une surveillance discrète, qui a débuté il y a déjà bien longtemps, dès ses premiers séjours au Pakistan ou en Afghanistan. Ils trouvent le garçon « bizarre », sournois, potentiellement dangereux…
Alors, qu’aurait-il fallu faire à ce moment-là ?

À quoi a servi Vigipirate ?

Depuis le 7 juillet 2005, date des attentats à Londres, le niveau d’alerte Vigipirate a constamment été maintenu au rouge. Vigipirate associe l’action des forces armées et de la police sur les sites sensibles. Les patrouilles mixtes armées-police sont assurées de 7 heures à 22 heures, en principe. Les écoles, les lieux de culte, les endroits dits « sensibles ». Mais ce plan n’a rien empêché dans l’accomplissement des meurtres, notamment devant le collège Ozar Hatorah.

Que pouvait-on espérer dès lors, d’un plan Vigipirate écarlate ?

« Un nazi ou un islamiste » ?

Dès le début de l’enquête, tout de suite après les meurtres des soldats de Montauban, les policiers ont eu la conviction que ce geste ne pouvait être que celui d’un « nazi ou d’un islamiste ».

Or, selon certains policiers, les personnes pouvant correspondre à ce profil dans le Grand sud représentent à peine une quinzaine de personnes. Pourquoi n’a-t-on pas repéré plus vite Mohammed ? Sans doute parce que le garçon avait un profil atypique, entre le petit voyou de quartier et l’islamiste d’occasion : contrairement à son frère, il n’avait pas les habitudes ou les comportements d’un islamiste. « Il nous a roulés dans la farine » dit un enquêteur .


23 mars 2012 ; TF1 News ; Mort de Merah : le fondateur du GIGN critique le Raid

Source TF1News


Au lendemain de la mort de Mohamed Merah, Christian Prouteau, fondateur du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale, critique vertement dans Ouest France l’opération du Raid à Toulouse, "menée sans schéma tactique précis". Et de s’interroger : "Comment se fait-il que la meilleure unité de la police ne réussisse pas à arrêter un homme tout seul ? Il fallait le bourrer de gaz lacrymogène", assure-t-il. "Il n’aurait pas tenu cinq minutes. Au lieu de ça, ils ont balancé des grenades à tour de bras. Résultat : ça a mis le forcené dans un état psychologique qui l’a incité à continuer sa guerre."

"En fait, je pense que cette opération a été menée sans schéma tactique précis. C’est bien là le problème", assène Christian Prouteau. Celui qui a également été le créateur en 1983 du Groupe de sécurité de la présidence de la République (aujourd’hui dissous après avoir été en fonction sous François Mitterrand et Jacques Chirac), estime qu’un autre type d’intervention était possible. "On aurait pu lui tendre une souricière", explique-t-il. "Attendre qu’il sorte et le coincer. Cela peut paraître présomptueux", ajoute-t-il, "mais, en soixante-quatre opérations menées par le GIGN sous mon commandement, il n’y a pas eu un mort."
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