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Avant d’aller à la chaîne humaine du 11 mai 2013 à NDDL

jeudi 25 avril 2013, par Puissance Plume

Comme il y a eu des commentaires suite à la publication de l’article "La chaîne humaine, cheval de Troie des gauchistes", et que le référent-chef de la chaîne humaine m’a appelé, j’ai eu envie de formuler quelques précisions.


Une chaîne humaine au Carnet (44) en 1997 : un exemple à suivre !

La Loire-Atlantique est décidément une terre de grands projets refoulés parce que le 1er juin 1997 déjà, une chaîne humaine avait mobilisé 30000 personnes contre le projet de centrale nucléaire au Carnet. Rappelons aux jeunes et moins jeunes que l’Etat et ses entreprises dévastatrices s’étaient cassés les dents polluées au Strontium 90 sur la mobilisation contre leur projet de centrale : abandonné le projet.

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Il faut donc préciser que le contexte de cette chaîne humaine le 11 mai à NDDL est complètement différent de celui de celles du RSDN à Avignon et Paris. Le 11 mai, l’ancrage au sol sera assuré par les liens tissés pendant la résistance enragée contre les forces armées à l’automne 2012. Celles et ceux qui ont été arrêtés arbitrairement, les écroué-e-s, les blessé-e-s témoignent de la férocité des forces armées.

Il me paraîtrait plus judicieux de prendre appui sur cet événement du 1er juin 1997 plutôt que sur les deux chaînes humaines organisées par le "Réseau Sortir du Nucléaire" en 2012 et 2013.


De la monétarisation de la lutte

Une remarque du référent-chef de la chaîne humaine m’a interpellé. Durant l’heure qu’il m’a consacrée au téléphone pour me dire que ce n’était pas le moment de faire douter les militants, il m’a dit qu’il croyait beaucoup aux opérations "coup de poing" de Greenpeace. Genre celle du 20 décembre 2012 avec la banderole "Aéroport NDDL : sa place est au musée" sur la pyramide du Louvre.

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Je lui ai rétorqué que je trouvais cette opération contre-productive. Car c’est la logique de marque, c’est la logique Coca-Cola qui est dans cette action. En bas de la banderole, il y a écrit Greenpeace, c’est-à-dire : "donnez du temps et de l’argent à Greenpeace". C’est la même logique que celle des multinationales, que celle des partis politiques.

On peut tout avoir avec de l’argent, donc l’argent peut vite devenir une fin en soi, dans le militantisme détournant le but d’une association de gens, détournant les échanges communautaires subjectifs à une relation impersonnelle et objective entre producteur et consommateur d’actions militantes.

De manière générale, la monétarisation des échanges est l’étape indispensable pour coloniser et privatiser : il faut d’abord que les gens dans la communauté s’habitue à échanger leurs savoir-faire avec de l’argent, ensuite et seulement ensuite, on peut envisager de privatiser. Si au lieu de donner de l’argent à un péage, on passait du temps sur les auto-routes pour les entretenir, ou en rendait d’autres services ailleurs, Vinci n’aurait jamais pu en obtenir leur propriété exclusive.

Même avec la prudence nécessaire, il faut constater que la normalisation des échanges par l’argent conduit les militants à monétariser leur lutte politique pour un monde meilleur. Encore une fois, le Réseau Sortir du Nucléaire en est un exemple mais il s’est formé dans le sillage de l’entreprise Greenpeace, mère de toutes les trahisons de la lutte contre le nucléaire [1].

Or avec la chaîne humaine du 11 mai, on est semble-t-il reparti vers le réflexe du don en argent. Non pas qu’il faille supprimer l’argent ni les dons, je n’ai pas envie ici de m’étendre sur ce sujet de société. Mais il ne faut pas laisser - comme à Réseau Sortir du Nucléaire - s’installer des gens qui ont le réflexe de tout monétariser par culture intrinsèque et normalisatrice. Ce serait un n-ième laxisme destructeur.


Des délibérations par AG de chaîne humaine et du moment de la critique

A la fois le 14 avril à la réunion inter-comités, et par téléphone le mardi 23, le référent-chef de la chaîne humaine a répété que les décisions prises par rapport à la chaîne humaine avaient été prises en Assemblées Générales de chaîne humaine, parfois à plus de quarante personnes. Cela semblait à ses yeux siffler la fin des critiques.

Mais il a bien été obligé d’admettre que :
- les AG de chaîne humaine réunissent des gens qui veulent l’organiser et n’attirent pas des gens qui sont plutôt critiques sur la forme d’action, surtout si elle est calquée sur le modèle de celles du RSDN 2012 et 2013,
- à partir du moment où la chaîne humaine a été décidé et qu’implicitement, elle doit être calquée sur celle du RSDN, les AG de chaîne humaine ne sont jamais le lieu de la critique : si quelqu’un ose prononcer une critique, il se passe ce qui s’est passé le 14 avril, il y a des tirs tendus venant des organisateurs qui ne peuvent pas supporter qu’on critique leur travail à partir du moment où celui-ci a été engagé,
- tout ceci revient à dire que le moment de l’examen critique de la forme d’action est le moment où a été prise la décision de faire une chaîne humaine : c’était probablement le 16 décembre dans la commission action, à ce moment-là il n’y avait pas trop le temps de discuter des tenants et des aboutissants.

A nouveau, je pense qu’il faut se mobiliser pour empêcher qu’un nouveau laxisme s’installe : celui d’empêcher toute critique des actions engagées. Ce n’est pas parce qu’on est quarante en cercle que les délibérations prises sont exemptes de critiques, encore faut-il accepter de soumettre le projet à la multitude.


De l’objectif médiatique unique

La chaîne humaine version RSDN est une opération purement médiatique à logique de marque. Le rapport de force entre les exploitants et les exploités n’y est pas abordé. Les exploités défilent dans la rue, ils y sont autorisés parce qu’ils en demandent la permission, puis ils rentrent chez eux pour voir ce qu’en disent les médias de masse détenus par les vendeurs d’armes. Quand on connaît le RSDN de l’intérieur, on sait que la motivation chaque année renouvelée à cet exercice est de faire perdurer les dons : c’est la monétarisation de la lutte, l’argent des dons est une fin en soi, c’est même le seul réel objectif des salariés et du CA, au nom de l’emploi, comme les constructeurs de centrales et d’aéroports défendent leurs projets au nom de leurs emplois.

A l’inverse, cherchons des images de la chaîne humaine du Carnet en 1997... Il n’y en a pas ou si peu.

Il ne s’agit pas de faire un spectacle : si je viens participer à la chaîne humaine contre l’éaroport de NNDL, c’est pas pour faire le guignol sur les médias de masse des vendeurs d’arme. Ma vie et celle des autres n’est pas un spectacle.


Le site web et le graphisme de la chaîne humaine

Cela m’a donc été confirmé par le référent-chef de la chaîne humaine : le site web de la chaîne humaine a été copié à partir de celui du RSDN. C’est pour cela qu’ils se ressemblent comme deux goutte d’eau et c’est pour cela que j’ai écrit mon article vitupérant cette chaîne humaine.

Si on m’avait présenté la chaîne humaine du 11 mai 2013 comme la poursuite de celle du 1er juin 1997 au Carnet, juste avant l’abandon du projet de centrale nucléaire, alors j’aurais pas tiqué. Si les logos et les graphiques de la chaîne humaine stop-aéroport n’avaient pas l’allure de ceux du RSDN, je ne me serai pas inquiété.

Le problème : combien de gens vont malheureusement se dire "ah chouette, ça me rappelle quelque chose !" ?

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Chaîne Humaine Stop Aéroport


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Chaîne Humaine RSDN

En résumai le 11

De toutes façons, il faut que le 11 mai soit un succès, comme au Carnet le 1er juin 1997, par la mobilisation mais aussi par l’inventivité et la diversités des participants.

Mais aussi il faut éviter les pièges que certains sont enclins à déployer par réflexe :
- la monétarisation implicite de toute action,
- l’empêchement de critiquer une décision prise en AG,
- la médiatisation spectacle comme but.

Et puis il faut relier la chaîne humaine 2013 à celle du Carnet en 1997 !

Je signale que les inscriptions pour les départs en bus depuis Toulouse sont à faire auprès de cette boîte aux lettres électronique :

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