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Google et Facebook se font la guerre commerciale dans les collèges

mardi 25 janvier 2011, par Puissance Plume

Google et Facebook sont deux géants de la vente de fichiers de profils commerciaux cible aux annonceurs. Dernièrement, j’ai vu un conférencier salarié d’une boîte sponsorisée par Google intervenir dans le collège et biaiser l’information au détriment de Facebook. J’écris au Recteur de l’Académie de Toulouse pour lui demander des explications.


Les faits

La scène se passe au Collège de Villefranche de Lauragais en décembre 2010. Un conférencier est venu pendant une journée faire une intervention de deux heures pour toutes les classes de sixième sur le thème des problématiques liées à l’utilisation d’internet. Le soir, il refait la conférence aux parents d’élève en présence de la direction du collège. J’y assiste.

Cette conférence est une excellente source d’informations : le jeune homme s’adresse aux enfants avec pédagogie en leur parlant du monde qui est le leur. En disposant d’un navigateur web, on peut faire des rencontres terrifiantes, en utilisant tel ou tel logiciel pour télécharger, on se met hors-la-loi, en laissant nos photos sur les sites comme Facebook, on fait une croix sur notre vie privée. Ces problématiques sont illustrées par des exemples concrets de jeunes gens à qui il est arrivé des malheurs à cause des moyens qu’offrent la toile.

A la fin de la séance, une question me brûle les lèvres :


"vous avez dit que Facebook constituait des fichiers de personnes en fonction de leurs goûts et qu’ils vendaient ces fichiers à des grandes compagnies publicitaires. Pourquoi n’avez-vous pas dit que Google faisait pareil : ce moteur de recherche enregistre l’adresse IP pour fabriquer des profils d’acheteurs, de consommateurs ou de citoyens qu’il vend ensuite aux annonceurs."

La réponse du conférencier a été franche et directe :

"La société pour laquelle je travaille est sponsorisée par Google."

Loin de moi d’imaginer que tout ceci est organisé par Google à des fins purement commerciales bien sûr. Mais cela mérite une enquête plus poussée. Il est très clair qu’avec son succès, Facebook est venu concurrencer Google sur le marché de la vente des fichiers d’internautes consommateurs à des annonceurs. Aussi, Google a fondalement intérêt à faire en sorte que les jeunes ne passent pas trop de temps sur Facebook et n’y invitent pas trop de copains.

La marchandisation du monde étant une problématique essentielle de notre époque, la voici donc entrer dans l’éducation nationale via des chemins a priori louables : l’information des dangers à internet. Mais si les intervenants sont des sociétés commerciales, la relation patron/salarié implique qu’un conférencier ne peut pas complètement être libre de parler de ce qu’il a envie de parler. Son esprit critique ne peut pas s’exercer complètement et ce qui risque d’être enseigné aux enfants ne sera donc pas cet esprit critique mais des informations de type "bourrage de crâne". C’est le terreau des dictatures. J’ajoute que dans les associations aussi, on retrouve parfois cette relation patron/salarié et que dans certaines associations, l’opacité du fonctionnement est tel qu’il ressemble à celui d’une entreprise.

J’écris au recteur dans ce sens. Sans avoir une solution miracle à proposer au recteur, il me semble que la volonté d’enseigner avant tout l’esprit critique en toutes circonstances devrait être mieux vue aux frontons des cours d’école.

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