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Enfin la vérité sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ? Près d’un million de morts

mardi 11 janvier 2011, par Pierre Péguin

Enfin la vérité sur la catastrophe nucléaire de Tchernobyl ? Près d’un million de morts :

L’analyse de près de 5000 recherches, articles et données effectuée par des scientifiques soviétiques , traduite et publiée par l’Académie des Sciences de New York met en évidence l’ampleur des retombées radioactives de la catastrophe nucléaire de la centrale ukrainienne de Tchernobyl : 10 milliards de curies ! (soit 200 fois les retombées générées par les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki). Bien loin des chiffres officiels minorés par les pro-nucléaires.

Les sources de ces informations : « Le Courrier », quotidien indépendant suisse a publié le 29 décembre [1] sous la plume de Philippe Bach un article qui permet de restituer la vérité sur les victimes de Tchernobyl. Cet article est intitulé « L’impact de Tchernobyl revu à la hausse : près d’un million de morts ». On trouve également dans les Archives du Monde Diplomatique de Décembre 2010 (santé, conséquences de Tchernobyl) un texte sur le même sujet [2]

Ces deux textes vont dans le même sens, ils s’appuient sur un numéro des annales de l’académie des sciences de New York publié début 2010 qui reprend un ouvrage volumineux et très technique écrit par trois scientifiques soviétiques de renom [3]

Ce sont près de 5000 articles et recherches qui ont été condensés et, surtout, traduits en anglais. Les auteurs ont notamment eu accès à des données qui obligent à reconsidérer l’ampleur de la catastrophe.

Ils mettent en évidence l’ampleur des retombées radioactives : 10 milliards de curies (soit 200 fois les retombées générées par les bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki). Entre 1986 et 2004, ils estiment que près d’un million de personnes ont perdu la vie dans le monde.

Mais on sait que le lobby nucléaire français fait tout pour cacher la vérité sur le sujet, pour nous conduire à accepter l’idée qu’un accident nucléaire n’aurait pas de conséquences si graves que ça, et que nous pourrions avoir à vivre en zone contaminée sans problèmes (voir à ce sujet « pourquoi et comment on nous prépare à la catastrophe nucléaire [4] » diffusé en décembre, et le commentaire de la Criirad au sujet d’une émission récente de Arte [5]).

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et les chiffres officiels : L’OMS est liée de manière contractuelle depuis 1959 à l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) ; Il est ainsi interdit à l’OMS d’informer les populations sur les effets des rayonnements ionisants pour les humains, sans l’aval de l’AIEA.... Ce lien de subordination est dénoncé par le collectif antinucléaire WHO [6] (pour une OMS indépendante), qui organise depuis 2007 un piquet de protestation quotidien à Genève devant le siège de l’organisation onusienne.

En septembre 2005, un colloque de l’OMS avait abouti à un chiffre extravagant démontrant la mainmise du lobby nucléaire : il n’y aurait eu que 4000 morts liés à la catastrophe de Tchernobyl. Une position qui avait été dénoncée comme « négationniste » par les associations de défense de l’environnement. Vu le tollé, l’OMS avait ensuite quadruplé ces estimations, sans fournir d’explication à ce sujet. Le chiffre « officiel » est donc aujourd’hui de 16 000 décès et ce uniquement parmi les populations les plus affectées de Biélorussie, d’Ukraine et de la fédération de Russie.

Revenons sur les chiffres ; Bien loin des chiffres officiels, les travaux sur le terrain menés en Ukraine – lieu de la catastrophe–, en Biélorussie et en Russie, donnent des chiffres beaucoup plus élevés : entre 600 000 et 900 000 vies perdues.

Si l’on considère uniquement les liquidateurs, cette « chair à neutrons » utilisée pour déblayer les décombres de la centrale, on compte d’ores et déjà près des 125 000 morts, sur les 830 000 personnes mobilisées (L’OMS et l’AIEA avaient estimé à 50 le nombre de liquidateurs morts...).

Les auteurs estiment que les émissions radioactives du réacteur en feu ont atteint dix milliards de curies, soit deux cents fois les retombées des bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki ; que le nombre de décès à travers le monde attribuables aux retombées de l’accident, entre 1986 et 2004, est de 985 000, un chiffre qui a encore augmenté depuis cette date.

Outre les morts, combien de personnes atteintes douloureusement, malades, diminuées ? Combien d’avortement ou de malformations ? Des milliers d’études ont mis en évidence dans les pays touchés une augmentation sensible de tous les types de cancer, ainsi que de multiples maladies [7].

Quant à la France, zone affectée par le nuage radioactif de la catastrophe nucléaire, aucune étude épidémiologique sur le court et moyen terme n’a été conduite bien sûr. Le nombre de personnes atteintes pourrait être plus élevé qu’on ne le pense si on en juge par la multiplication des maladies de la thyroïde depuis l’accident (dues à l’iode radioactif). Les méfaits à long terme de la contamination par des éléments tels que le césium et le strontium radioactifs métabolisés comme le potassium ou le calcium ne seront jamais connus, dilués dans la masse des agressions chimiques que nous subissons déjà.

Le coût économique de la catastrophe : plus que le coût de construction de toute l’infrastructure nucléaire mondiale ? Si les conséquences sanitaires et écologiques laissent les « nucléocrates » de marbre, la facture économique finale devrait les émouvoir. Pour les vingt premières années, les dépenses directes provoquées par la catastrophe pour les trois pays les plus touchés dépasseraient 500 milliards de dollars, ce qui reporté au coût de la vie dans l’Union européenne, représenterait plus de 2 000 milliards d’euros. Autant, donc, sinon plus, que le coût de construction de toute l’infrastructure nucléaire mondiale !

Ces infos qui n’ont pas encore vraiment circulé dans les grands médias (notons une lettre de lecteur dans Politis), doivent être diffusées pour rappeler les risques terribles qu’on nous fait courir au nom de la rentabilité de la filière industrielle nucléaire et au nom de la raison d’état car le nucléaire militaire se cache derrière le nucléaire civil.

Pierre Péguin, janvier 2011.

Notes

[3D’après ces sources, « Tchernobyl : conséquences de la catastrophe pour les populations et l’environnement » est écrit par Alexei Yablokov, Vassili Nesterenko et Alexei Nesterenko. L’auteur principal, Alexei Yablokov, était à la tête de l’Académie des Sciences de Russie sous Gorbachev – depuis lors, il ne reçoit aucun soutien. Vassili Nesterenko, Directeur de l’Institut de Physique Nucléaire de Minsk (Bélarus) au moment de l’accident, a survolé le réacteur en feu et a pris les seules et uniques mesures, et il est décédé en août 2008, à la suite de graves problèmes de santé liés à l’irradiation subie. Mais auparavant, avec l’aide d’Andrei Sakharov, il avait fondé l’institut BELRAD pour aider les enfants de la région. Les trois scientifiques ont réuni les informations contenues dans le livre à partir de plus de 5000 articles publiés et des résultats de recherches – pour la plupart disponibles uniquement au sein de l’ex-Union soviétique ou dans les pays de l’Est et non accessibles à l’Ouest. Ils présentent des faits avec peu ou pas de polémique. Ce livre a été traduit en anglais et repris par les annales de l’académie de New-York.

[4http://twitter.com/OBSERVNUCLEAIRE (Observatoire du nucléaire),et http://www.coordination-antinucleaire-sudest.org/admi : « Pourquoi et comment on nous prépare à la catastrophe nucléaire » Pierre Péguin decembre 2010

[5« Tchernobyl une histoire naturelle »,Arte 25 mai 10, bulletin de la criirad N°50.

[6« independentWHO »/ OMS indépendante : http://www.independentwho.info/accueil_FR.php

[7Des maladies des voies respiratoires, des affections cardiovasculaires, gastro-intestinales, génito-urinaire, endocriniennes, immunitaires, des atteintes des systèmes lymphatiques et nerveux, de la mortalité prénatale, périnatale et infantile, des avortements spontanés , des malformations et anomalies génétiques, des perturbations ou des retards du développement mental, des maladies neuropsychologiques et des cas de cécité.

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