Accueil > Environnement > Polluants > Nucléaire > La claque américaine d’EDF pour les contribuables français

La claque américaine d’EDF pour les contribuables français

lundi 22 novembre 2010, par Puissance Plume

Note : L’icône de l’article a été emprunté à l’association Beyond Nuclear.


Emplacement des quatre EPR initialement prévus aux USA

Les cartes des réacteurs aux USA sont accessibles sur le site de la NRC (Nuclear Regulatory Commission).

JPEG - 72.7 ko
Emplacement des quatre EPR prévus aux USA

Le projet EPR de Calvert Cliffs 3 (Maryland)

Le projet de réacteur nucléaire EPR à Calvert Cliffs 3 dans le Maryland aux USA a été proposé en 2007 aux autorités de l’Etat par UNE (Unistar Nuclear Energy) qui est une joint-venture entre Constellation et EDF [1]. Ce projet a été évalué à 10 milliards de dollars soit 7,3 milliards d’euros. Dix-huit mois plus tard, en juin 2009, la commission de service public du Maryland a délivré un certificat permettant la construction du réacteur : pour les autorités locales, pas de problème. EdF et Constellation attendaient cepdendant des prêts fédéraux garantis [2] de la part de l’administration d’Obama. Au départ prévus pour fin 2009, ces prêts ne sont jamais arrivés.

Le 8 octobre 2010, dans une lettre au ministère de l’énergie américain, Constellation annonce qu’elle se retire du projet Calvert Cliffs 3 ! Pour le gouvernement fédéral, les conditions pour accorder un prêt garanti à Constellation seraient de 880 millions de dollars, ce qui semble insoutenable financièrement parlant à la compagnie de Baltimore. Dans cette même lettre, le directeur de Constellation explique que EDF pourrait être intéressée pour continuer les négociations [3].

Le 27 octobre 2010, malgré les protestations d’EDF se déclarant surpris du retrait et menaçant le projet de capoter, l’entreprise française a finalement accepté de repartir à zéro en assurant seule la poursuite du projet. Les lois fédérales interdisent qu’un réacteur nucléaire soit construit ou contrôlé par une entreprise étrangère. EDF est obligé de chercher un nouveau partenaire américain pour Calvert Cliffs 3 !

L’accord du 27 octobre prévoit que EDF :
- achète les 50% que détenait Constellation dans la joint-venture UNE, pour 140 millions de dollars,
- EDF procèdera au transfert à Constellation de 3,5 millions d’actions Constellation qu’il détient pour une valeur de 110 millions de dollars [4], et
- renoncera à son poste d’administrateur au Conseil d’administration de Constellation.

En échange, Constellation
- renoncera aux droits relatifs à son option de vente existante et, en conséquence, ne vendra aucune de ses centrales thermiques à EDF,
- Constellation cède le terrain de Calvert Cliffs 3 à EDF,
- Constellation cède les terrains de deux projets de construction de réacteurs : Nine Mile Point et R. E. Ginna dans l’Etat de New York, à EDF.

EDF espère qu’en 2013, les licences des réacteurs de Indian Point 2 et 3 ne seront pas renouvelées. Ce serait alors la porte ouverte à la construction de nouveaux réacteurs à Nine Mile Point et à R. E. Ginna [5].

JPEG - 5.6 ko
Calvert Cliffs 1 & 2


JPEG - 14 ko
Vue vers le sud : forêt à déffricher ?

JPEG - 11.3 ko
Charmante compagnie !

JPEG - 31.4 ko
Bâtiment réacteur

La claque américaine d’EDF

C’est un article du Canard Enchaîné du 6 octobre 2010 qui relate la mauvaise passe dans laquelle s’est engouffrée EDF en achetant 49% du capital de Constellation.


L’aventure américaine d’EDF est en train de tourner à la déroute. Le groupe français est menacé de devoir régler dans les mois qui viennent une ardoise supplémentaire de plus de 2 milliards de dollars à son associé américain Constellation. En juillet, il a du constituer une provision de 1,1 milliards d’euros. Et ce n’est sans doute qu’un début. « L’évaluation définitive de la provision sera faite à la fin de l’année », a précisé le 4 octobre au « Canard » une porte-parole d’EDF. Embêtant pour un groupe qui, déja écrasé par 45 milliards de dettes, a encore besoin d’une somme considérable pour augmenter sa part dans le capital du groupe nucléaire Areva.

L’affaire avait pourtant commencé dans l’enthousiasme. En 2007, le patron d’EDF de l’époque, Pierre Gadonneix, réalise son rêve : mettre un pied en Amérique en achetant 49% du groupe nucléaire Constellation. EDF paie 4,5 milliards pour acquérir la moitié de ses centrales nucléaires. Deux fois plus que ce proposait le milliardaire américain Warren Buffet. Et tout ça pour être minoritaire dans Constellation ! Peu importe clame alors Gadonneix, le jeu en vaut la chandelle : grâce à cette tête de pont aux States, EDF espère vendre immédiatement au moins quatre de ses EPR - centrales de dernière génération - sur le marché américain, le plus important du monde avec 104 centrales nucléaires en activité.

Manque de pot : de gigantesques réserves de gaz faciles à exploiter - les gaz schisteux - ont été découvertes, entre-temps, dans le sous-sol américain. Le prix du gaz s’effondre, rendant les kilowatts nucléaires moins compétitifs. Et, avec lui, les projets d’EPR. La seule centrale dont la construction avait été lancée dans le Maryland est aujourd’hui bloquée, en attente d’une décision du gouvernement américain qui tarde un peu beaucoup à venir.

Autre coup dur, EDF s’était également engagé à racheter à Constellation quelques vieilles centrales thermiques pour 2 milliards de dollars. Or, aujourd’hui, celles-ci n’en valent plus que la moitié. L’américain exige l’application de l’engagement et refuse de renoncer à son chèque de 2 milliards.

Du coup, Henri Proglio, patron d’EDF depuis un an, n’exclut pas de se retirer avec fracas - et surtout pertes - des Etats-Unis. Mais avant de prendre une décision, il a mandaté la banque Lazard « pour revoir la situation des actifs stratégiques » d’EDF.

Pas besoin en tout cas, d’une banque d’affaires pour comprendre qui va régler cette facture américaine : l’abonné, à qui EDF a déjà promis de belles augmentations.

En juin 2010, la compagnie EDF affiche une dette de 44,1 Milliard d’euros.:’-(


Dernières nouvelles

22 nov. 2010. Henri Proglio a admis que les USA ne seraient pas les meilleurs clients des centrales nucléaires d’EDF ! [6]


Références

- The Maryland’s Power Plant Research Program en 1971
- NEI Nuclear Notes
- Page des "Nuclear Costs" chez Beyond Nuclear
- Page des EPR chez Beyond Nuclear
- 

JPEG - 6.2 ko
Cliquer pour télécharger

The High Cost of Nuclear Power : Why Maryland Can’t Afford a Nuclear Reactor. Une publication de Frontier Group

Notes

[1Voir l’article du Canard Enchaîné plus bas

[2federal loan guarantees

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0