Accueil > Environnement > Polluants > Fracturation hydraulique > Les gaz de Schiste arrivent : de nouveaux types de forages dans le sud de (...)

Les gaz de Schiste arrivent : de nouveaux types de forages dans le sud de la France ?

lundi 22 novembre 2010, par Puissance Plume

Elles sont là, les compagnies pétrolières dans le midi de la France. Elles obtiennent des permis d’explorer, elles cherchent des gaz et des huiles de schiste, elles sont prêtes à forer. Parallèlement, est sorti au USA un film de Josh Fox "Gasland" où l’on constate les dégâts de l’exploitation des gaz de schiste à l’aide de la technique par "fracturation hydraulique" brevetée par Halliburton. C’est une affaire à suivre de très près.


sommaire


Le film "Gasland"

Un film de Josh Fox fait grand bruit aux USA et au Québec [1] depuis cet automne 2010 : "gasland". Ce joueur de banjo reçoit un jour une lettre d’une compagnie gazière qui lui achète ses terres 1 millions de dollars ! Alors il décide d’enquêter sur ce qui pourrait se passer s’il vendait. Et après avoir vu ce film, si vous étiez à sa place, vous-même, vous ne vendriez pas !

Vous devriez voir ce film !

Grâce à nos amis du Québec chez qui la mobilisation est forte, grâce au Collectif des Citoyens Lotois contre les Gaz de Schiste, on peut aujourd’hui voir une version courte de 46 min de ce film sous-titré en Français en ligne :


GASLAND par latelelibre

Ci-dessous, la bande-annonce du film (la bande-annonce contient une carte verte et rouge qui ne figure pas dans le film) :

La contre-attaque n’a pas tardée, les autorités de l’Etat de Pensylvanie ont argumenté que ce ne sont pas les technologies de forage par choc hydraulique qui sont en cause dans les pollutions mais des manquements des industriels locaux aux règles de sécurité. Ca pourrait se concevoir, cependant on ne peut prendre en compte la série d’enquête qui est une série

A noter : ce sont ces réserves de gaz de schistes, très nombreuses et exploitables immédiatement aux USA qui ont fait que l’énergie nucléaire est confrontée à un non-développement, voir mon article sur l’argent investi par EDF en Amérique.


Ca arrive en France

Avec quelques années de retard comme d’habitude, ce qui est testé et expérimenté aux USA arrive en France. La carte ci-dessous est issue du documentaire de Josh Fox.

PNG - 196.4 ko
Gisements de gaz de schiste en Europe et Afrique du Nord

Extrait de l’édition du Midi-Libre du 30 octobre 2010 [2] :


Le bassin alésien est concerné par quatre permis exclusifs de recherche, comme le confirme la Dréal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) qui suit le dossier à Alès. Et l’aura en charge aussi pour tous les aspects réglementaires et de contrôle sur ce type d’activités particulièrement surveillées.

Quatre permis donc pour le bassin alésien, dont celui de Navacelles (216 km2) pour du gaz conventionnel, mais aussi celui de la plaine d’Alès (503 km2 entre Gard, Ardèche et Lozère) pour du pétrole lourd et du méthane. Le périmètre s’étend de Saint-Paul-la-Coste à Alès. Autre permis, celui du bassin d’Alès (215 km2) pour du pétrole lourd, avec une prospection qui va du château d’Allègre jusqu’en Ardèche, au sud de Bessas.

Et enfin le permis de Montélimar, le plus vaste (4 327 km2, du sud de Valence au nord de Montpellier), pour du gaz de schiste.
Trois autres permis ont été déposés en Languedoc-Roussillon. Celui de Nîmes (507 km2), la plaine du Languedoc (2 348 km2 entre l’Aude et l’Hérault) et Nant (4 400 km2 sur l’Hérault, le Gard et l’Aveyron). Il faut aussi y rajouter le permis de Villeneuve-de-Berg (931 km2 dans le Sud Ardèche).

Parmi les sociétés concernées, on trouve Total, mais également le Suisse Mouvoil, l’Anglais Bridgeoil ou encore une société texane et le Français GDF Suez. En France, ce sont 65 000 km2 qui sont concernés par les permis déposés dans cette nouvelle ruée sur l’or noir.

PNG - 34.5 ko
Evolution des permis d’exploration - Données BEPH

Ces dernières années, il y a une nette augmentation des surfaces de permis d’exploration [3].


A côté de Toulouse, le permis d’explorer de Beaumont de Lomagne

JPEG - 40.1 ko
Cliquez sur la carte pour lire l’article de Friture.mag

Carte de France des collectifs anti-Gaz de Schiste


Afficher Carte collectifs anti-gaz de schiste sur une carte plus grande


En Pologne, la résistance s’organise


Agir

Signez des pétitions (faites votre choix :-) ) :
- http://www.petitions24.net/signatures/gaz_de_schiste__non_merci
- http://www.lapetition.be/en-ligne/contre-l-exploitation-du-gaz-de-schiste-8997.html
- http://www.cyberacteurs.org/actions/form.php?id=219

Lisez les échanges et/ou inscrivez-vous sur le groupe de discussion Gazschistes.


A lire sur le net

26 janvier 2011 : Je ne met plus à jour cette rubrique car cela demanderait un travail considérable. Maintenant, on peut suivre une actualité assez forte, ne serait-ce qu’en visitant les archives du groupe de discussion Gazschistes déjà mentionné ci-dessus.

- 12 janvier 2010. Dans Les forages de gaz de schiste représentent-ils un "risque majeur" pour l’environnement ?, le Midi-Libre fait semblant de ne pas comprendre !

- 7 dec. 2010. Gaz de schiste : le trésor empoisonné du sous-sol français sur OwniPolitics. Cet article insiste sur le fait que pour être sûr de rentabiliser un champ il faut une forte densité de forages, ce qui est un des facteurs de la catastrophe environnementale.

- Le dossier sur les gaz de schiste de l’Association Québécoise de Lutte contre la Pollution Atmosphérique.

- le blog de la mobilisation contre les gaz de schiste au Québec.

- 19 nov. 2010. Un buzz a été créé par José Bové puisque le Larzac est concerné par ces prospections.

- 10 nov. 2010. Un article de Fabrice Nicolino qui reprend un bon article de fond sur les gaz de schiste, en anglais malheureusement.

- 30 oct. 2010. Article dans le Midi-Libre parlant des permis d’exploration de gaz de schiste dans le Languedoc

JPEG - 17.9 ko
Carte de la Dépêche du Midi

- Un article de la Dépêche du Midi montre la carte ci-contre issue du Bureau des Hydrocarbures du Ministère de l’industrie.

JPEG - 35.8 ko
Carte huiles et gaz de schiste ; Permis de Montélimar pour Total et Devon

- Cette carte a été trouvée sur le site web de la commune de St Julien de Peyrolas. L’article parle de gaz et d’huile de schiste, donc la zone délimitée par la carte correspond à la zone dite de Montélimar d’exploration de ces ressources par Total et Devon.

- Voir également la page du moratoire sur les shale gas au Québec.

- 31 mars 2010. Le dossier de presse de Total annonçant le permis d’explorer de Montélimar.


Interview de Roland Vially à l’IFP

Avril 2010
Article original trouvé sur cette page.

Les gaz de schistes (shale gas) ont connu un essor extraordinaire ces dernières années aux États-Unis. En Europe, les compagnies pétrolières commencent seulement de s’intéresser à ces gaz non conventionnels dont les ressources pourraient être importantes.

Roland Vially, géologue à IFP Energies nouvelles, nous explique quels sont les enjeux liés à l’exploitation de ces gaz.

Les shale gas qu’est-ce que c’est ?

R.V. : Du gaz contenu dans des roches sédimentaires argileuses très compactes et très imperméables, qui renferment au moins 5 à 10 % de matière organique. Ces gaz font partie des types de gaz non conventionnels parce qu’ils ne peuvent pas être exploités avec les modes de production classiques. Ils sont aujourd’hui produits en grande quantité aux États-Unis où ils représentent 12 % de la production de gaz contre seulement 1 % en 2000. A part quelques pays qui n’ont pas de bassins sédimentaires, on peut trouver des shale gas à peu près partout. En Europe, le consortium Gash, auquel participe IFP Energies nouvelles, vise à établir d’ici 3 ans une cartographie des ressources européennes.

Les réserves mondiales représenteraient plus de 4 fois les ressources de gaz conventionnel. De quoi, si on arrivait à les exploiter, changer la donne de la géopolitique gazière.

Pourquoi la production s’est-elle ainsi développée aux Etats-Unis ?

R.V. : Cela est dû en partie à l’amélioration des techniques d’extraction ces dernières années, en particulier le forage horizontal et la fracturation hydraulique des roches qui permet d’augmenter la perméabilité à proximité des puits, les fluides ne migrant pas naturellement dans les argiles.

Les gas shale étant dispersés dans la roche imperméable, il faut en effet forer de très nombreux puits et fracturer la roche. Le puits produit quelques années puis est abandonné, et un nouveau puits est foré quelques centaines de mètres plus loin. La fracturation de la roche suppose par ailleurs d’injecter de grandes quantités d’eau à haute pression et du sable.

L’accroissement de la production outre atlantique a été favorisée au début par des incitations fiscales. Le faible coût des forages, un droit de propriété des particuliers étendu au sous-sol ainsi qu’une réglementation environnementale moins contraignante, associées aux avancées technologiques, expliquent cet engouement.

Ces techniques d’extraction ne posent-elles pas des problèmes environnementaux ?

R.V. : L’impact environnemental n’est pas neutre puisque la fracturation hydraulique utilise une grande quantité d’eau. Cette eau doit être ensuite traitée car elle est souvent salée et peut contenir des métaux lourds. Par ailleurs, la multiplication des forages et des réseaux de "pipes" affectent les paysages, ce d’autant plus que la zone de drainage autour des puits étant faible, il peut y avoir un puits tous les 500 mètres.

Même si l’impact sur l’environnement n’est pas le même aux États-Unis - qui possèdent de grands espaces inoccupés - qu’en Europe, c’est un sujet qui fait de plus en plus débat et qui devrait conduire au développement de techniques plus rationnelles et respectueuses de l’environnement.

Alors quel avenir pour ces gaz en Europe ?

R.V. : L’exploration des shale gas n’a commencé que récemment en Europe mais elle suscite beaucoup d’intérêt de la part des compagnies pétrolières. Les bassins les plus intéressants sont situés en Europe du Nord et de l’Est et plus au sud, notamment en France dans le bassin du sud est. Total vient d’obtenir un permis d’exploration dans la région de Montélimar. Des permis ont aussi été pris en Suède par Shell, en Allemagne par ExxonMobil, en Pologne par presque tous les majors ainsi qu’en Lituanie.

En tenant compte des contraintes environnementales, les coûts de production des shale gas européens risquent d’être plus élevés qu’aux États-Unis. Reste donc à démontrer qu’ils peuvent être produits de façon économique et durable, en accord avec les populations. Leur développement va probablement prendre du temps.

___

Josh Fox dans la rivière

Je crois que le succès du film Gasland tient à ce genre de scènes qui peuplent le documentaire. L’auteur a été marqué par son contact avec la nature probablement lorsqu’il était enfant. On retrouve chez les exploiteurs soit l’absence, soit le refoulement de cette relation charnelle avec la nature.

26 janvier 2011 : Gasland a été nominé à la cérémonie des Oscars dans la catégorie du meilleur documentaire !


Historique des modifications de cet article

- 15 décembre 2011 : ajout de la version courte de gasland en ligne, ajout de l’article de Friture sur le permis de Beaumont de Lomagne, à l’ouest de Toulouse, ajout d’une vidéo en anglais sur la mobilisation des citoyens en Pologne.

4 Messages

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0